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ou à l'épisode #1 de la saison 2...
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- Balie ?…
tu m’entends ?… Réveille-toi…
- Hein ?...
Je suis où ?... Qu'est-ce qui…
- C’est
moi, c’est René, tu peux te lever maintenant.
- René ?
Oui, ça y est ! ça a marché ?… ouiiii !
Je
ne pus réprimer mon élan de me jeter dans ses bras alors que je n’étais encore
qu’assise et lui accroupis à mes côtés. Il chancela de sorte qu’il dut se
rattraper en posant un genou à terre et se retenir d’une main sur le muret. La
douleur au crâne et le brouillard dans mon esprit se dissipèrent aussitôt par
l’effet de la joie de revoir mon ami René. Je retrouvais son odeur et la
sensation de son solide torse, aussi intactes que la nuit où nous nous étions
séparés. Je restais ainsi quelques instants les yeux fermés pour profiter au
mieux de cet instant inespéré. Après quoi, je découvris que nous étions au pied
d’un puits de grande envergure qui ornait la place d’un village. Le sol en
terre battue et les maisons alentours en toit de chaume et aux murs d’argile
venaient confirmer, s’il en était besoin, que j’étais bien parvenue jusqu’à
l’époque moyenâgeuse du Royaume d’Yonsé.
Un
comité d’accueil avait été convié pour m’accueillir. Je devinais aux habits que
portaient la dizaine de personnes présentes qu’elles avaient fait un effort
particulier pour bien présenter. Des habitants curieux, dans leurs vêtements de
tous les jours, venaient grossir l’attroupement provoqué par mon arrivée. Bien
que j’ai pris soin cette fois-ci d’avoir une tenue adaptée à divers types de
climats et d’activités, je ne pouvais que surprendre avec mon ensemble « old
british school » composé d’un pantalon, d’un veston sur un chemisier blanc
et d’une casquette, le tout dans un tissu à carreaux dans les tons bruns. Des chaussures
montantes à hauteur de chevilles devaient me permettre de marcher sur tout type
de sol quel que soit le temps.
J’entendais,
sans savoir de qui cela provenait vraiment, des chuchotis dans le public :
- Qu’est-ce
qui s’est passé ?
- C’est
elle, tu crois ?
- Elle
vient juste d’arriver, elle est apparue d'on ne sait où…
René
se releva promptement et demanda à la petite foule qui s’était maintenant
formée de reculer et que chacun retourne à ses occupations. Cela n’eut pas
beaucoup d’effet.
Je
glissais le talisman, que je n’avais pas quitté des mains, dans mon sac en
bandoulière et prit la main que me tendait René pour que je me relève. Nous
quittâmes la place escortés par les membres du comité d’accueil. La température
était clémente et le ciel d’un bleu pur laissait éclater un soleil encore
tiède. J’en déduis qu’il était le milieu de la matinée et le chant des oiseaux
me fit penser à ceux de nos plus verdoyants parcours. Je réalisais encore avec
peine ce qui venait de se produire : comment expliquer que je puisse me
retrouver à une lointaine époque dans une étrange contrée alors que quelques
instants auparavant ma vie se résumait à lancer inexorablement des balles vers
un trou invisible ?
René
m’expliqua que nous allions rencontrer le Roi Henri d’Yonsé qui tenait à ce que
je lui sois présentée dès mon arrivée. La traversée du village me permit
d’observer l’activité grouillante de ses rues et ruelles où chacun semblait
avoir un rôle bien précis. De nombreux habitants proposaient des aliments ou
des biens à la vente, d’autres transportaient, à l’aide de chevaux et de
charrettes, des matériaux divers. Les enfants quant à eux faisaient ce que bon
leur semblaient et venaient vers moi pour me regarder de près, tentaient de me
toucher, me demandaient qui j’étais,
comment je m’appelais…
Nous
arrivâmes vers la bâtisse principale au milieu du village. C’était une forteresse
telle que me l’avait décrite René quelques mois plus tôt. Construite sur une
bute, elle dominait la vaste plaine qui s’étendait bien au-delà du village. Une
herse et un pont-levis étaient le seul accès et la seule issue à la demeure du
Roi et des membres de la cour. Une vaste place centrale permettait d’y recevoir
les habitants du village et de la proche contrée lors d’éventuelles attaques d’ennemis.
Les
hautes murailles crénelées semblaient inviolables et devaient en dissuader bon
nombre avant qu’ils ne se risquent à devenir la cible d’archers disposés à
chacune des nombreuses meurtrières.
Nous
empruntâmes les marches de la tour principale afin d’accéder aux appartements
privés du Roi.
Devant
une grande porte en bois finement sculpté, deux gardes en uniforme d’apparat se
tenaient de part et d’autre. Chacun d’eux tenait une lance de telle sorte
qu’elles se croisaient, laissant aisément deviner qu’il n’était pas permis
d’accéder à la pièce suivante. Nous patientâmes un instant, René et moi au
premier rang. Les membres de la cour qui nous avaient accompagnés jusqu'ici se
mirent eux aussi en rang derrière nous dans un ordonnancement qui semblait
répondre à des critères bien précis qui m’étaient difficile de deviner.
- Le
Roi va nous recevoir, ne soit pas inquiète, il tient au protocole, mais il est
juste et sait écouter, me chuchota René.
- J’suis
pas inquiète, j’ai l’habitude de discuter régulièrement avec mon maitre de
guilde, il sait être cool aussi Kiki.
Un
bruit de verrou se fit entendre et les battants de la porte s’ouvrirent très
lentement du fait de l’inertie de leur poids. Sans sourciller, les gardes
écartèrent leur lance, signe que la voie était dégagée. René me prit sous son
bras et nous avançâmes d’un pas lent et solennel. La vaste pièce était ornée
d’immenses tableaux représentant des scènes de batailles dans lesquelles les
généraux étaient mis en valeur. Un imposant vitrail par lequel pénétrait le soleil
surplombait l’estrade du fond sur laquelle était disposé le trône que je
devinais à peine du fait du contre-jour aveuglant. Lorsque nous arrivâmes à une
certaine distance du trône, René nous stoppa net, mit un genou à terre et fixa
son regard au sol. De son bras encore sous le mien il me tira vers le bas en me
faisant comprendre d’agir comme lui. Avec un temps de retard je mis aussi genou
à terre et baissait la tête, mais je ne pus m’empêcher de regarder en direction
du trône. Tous les membres de la procession s’étaient eux aussi prosternés
quand le Roi se décidât à se lever en signe de bon accueil. N’étant plus à
contre-jour, je pus ainsi découvrir en détail son visage qui m’était en fait
bien familier.
- Riri !?
Mais qu’est-ce que tu fais là mon ptit poussin ? m’écriais-je dans cette
vaste pièce aux mille échos.
- C’est
Henri ! dis-je, en me retournant vers René.
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