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Mes p'tites souris, mes p’tits lapins,

Je m'appelle Balie. Je suis apparue le 19 aout 2009 dans les entrailles de la Matrice de SHOT ONLINE et de la volonté de mon Ange Gardien, avec pour unique but: prendre du plaisir à jouer au golf avec des partenaires multiples.
Ce joli blog ne se veut qu'un reflet des bons et mauvais moments passés dans le Joli monde de SHOT ONLINE (S.O : SOland), une fenêtre ouverte, aussi, sur les rencontres parfois ennuyeuses, souvent jubilatoires avec les autres jolis êtres issus également du ventre de S.O.
Les premières heures passées avec les Essoliens et Essolliennes (habitants de SOland) ont mis en évidence des similitudes avec votre monde du dehors... Ce joli monde, propre, bien rangé, où tout est beau et harmonieux n'en cache pas moins, derrière ses apparences, des injustices, des inégalités, des travers qui se doivent d'être dénoncés!
Les dénoncer non seulement pour tenter de les combattre de ce coté-ci de l'écran, mais aussi parce qu'obtenir des avancées sur la condition des filles, sur la préservation de l'environnement, le pouvoir d'achat et les conditions de travail à SOland (pour ne citer que ceux-là) aura forcément un impact sur ces mêmes sujets dans votre grand monde du dehors!
Puis, raconter les belles rencontres que je fais chaque jour autour du square, dans le sable ou au bord du green rendra peut être certains d'entre vous finalement un peu plus optimiste sur la nature Essolienne comme sur la nature Humaine. C'est le moins que je puisse souhaiter à mes p'tites souris et mes p'tits lapins...
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jeudi 14 juillet 2011

Chroniques du Square 1.13 et fin.

Si tu arrives ici pour la premiére fois, va plutôt lire d'abord le premier épisode ici:



Ils dormirent de longues heures sur des paillasses confectionnées avec les plus volumineux des déguisements de l'arrière-boutique. J'ai du mal à comprendre l’utilité de rester tout ce temps immobile sans rien faire, d'autant plus que Line et Monsieur Jackson venaient de passer deux années ainsi !

Pour se reposer de la fatigue, m'a-t-on dit. Mais il suffirait alors de s’asseoir quelques minutes sur un banc ou boire une de ces boissons noires à bulles... nos mondes sont vraiment différents !

Je veillai ainsi toute la nuit et une partie du matin, assise au bord de l'estrade de la vitrine en pensant à tout ce qu'il s'était passé.

René dormait paisiblement avec Line à ses côtés qui afficha un sourire durant tout son sommeil. Monsieur Jackson quant à lui, avait une nuit bien agitée, remuant et se retournant sans cesse en grommelant parfois des mots incompréhensibles, ponctués de petits cris qui laissaient deviner de terribles cauchemars. Il avait pris soin, avant de s'endormir, de lire quelques pages d'un album illustré qu'il avait trouvé dans le rayon librairie enfantine de la boutique. Il avait gardé le livre agrippé dans ses mains pendant tout son sommeil sans jamais le lâcher.

Quand tout le monde fut réveillé, René voulut que l'on parle de la soirée à venir et surtout de Monsieur Jackson.

Que devait-il faire puisqu'il ne se souvenait de rien ? Rester avec nous sous la tour pour se défaire d'un sort ? Mais au risque de se retrouver soit au royaume d'Yonsé ou soit au square avec moi ? Ou encore rester tout seul avec très peu de chances de survivre, compte tenu de ce qu'il nous avait laissé voir de ses faibles capacités à se conformer à ce monde.

Pendant que nous parlions de lui, il restait à l'écart comme si ça ne le concernait pas. Il lisait son livre assis dans son coin. René se fâcha presque en lui disant qu'il pourrait au moins s'intéresser à la discussion. Vraisemblablement gêné par le bruit, il se leva et partit dans l'arrière-boutique son livre sous le bras.
  • Ça montre bien ce que je disais : il tiendra pas deux jours tout seul ici, il est pire qu'un enfant. Dis-je alors.
  • Mais si l'on savait pourquoi il est ici on pourrait au moins décider s'il doit venir avec nous ce soir ou pas ! Rajouta Line.
  • Hum!...Je crois que l'esprit de cet homme est très perturbé, mais si la vieille dame nous a dit qu'il fallait l'éveiller, c'est qu'il doit sûrement se défaire d'un sort lui aussi, déclara René. Il faut qu'il vienne sous la tour de métal et l'on verra bien ce qu'il se passera. S'il reste avec Line et moi, je m'engage à ce que les habitants du Royaume d'Yonsé ne lui fassent aucun mal et qu'ils l’accueillent comme un des leurs.
  • Oui, et s'il se retrouve sur le square je ferai tout pour qu'il soit accepté dans ma guilde, ils sont tous cool, ça se passera bien. Et quand on voit comment sont certains de nos membres, il ne dénotera pas du tout. Faudra juste lui apprendre à pas crier tout le temps et à moins gesticuler sur les parcours pour pas déconcentrer les autres joueurs... quoique, pendant les tournois ça pourra peut être servir...

Je finissais juste ma phrase lorsque Monsieur Jackson revint de l'arrière-boutique avec un déguisement qu'il venait d'enfiler. Il portait une sorte de bonnet pointu en feutrine vert pomme avec une plume fixée sur le côté, une tunique de couleur verte aussi, dont le bas était découpé en dents de scie, qui lui tombait à mi-cuisse, un collant opaque dans les mêmes tons recouvrait ses jambes et pour finir il portait des chaussons en cuir aux pieds.

  • C'est moi ! J'ai trouvé qui je suis, c'est moi dans le livre ! Dit-il avec toujours cet accent si particulier.

Il montrait, en même temps qu'il parlait, la couverture de son recueil. Un dessin y représentait un personnage identique à son déguisement.

  • C'est moi ! Je suis Peter Pan ! 

Nous nous regardâmes ébahis René, Line et moi, ne sachant pas s'il fallait accorder du crédit à ce qu'il venait de révéler ou si c'était une nouvelle lubie de son esprit déséquilibré.

  • Je me souviens de tout maintenant que j'ai relu l'histoire du livre ! Je vais vous raconter...

Il nous raconta le soir où il persuada Wendy de le suivre au pays imaginaire avec ses frères. Là-bas, elle devint la maman de tous les garçons perdus qui étaient tombés de leur landau, ils s'étaient fixé la règle de ne jamais grandir ! Ils vécurent tous des aventures extraordinaires avec les Peaux-Rouges, Lily la Tigresse et aussi les pirates et leur chef « Capitaine Crochet ». Il portait un crochet en guise de main, car il lui avait coupé et jeté au crocodile-horloge, depuis, il n'avait de cesse de vouloir le capturer pour le tuer.

Les pirates enlevèrent donc la princesse Tiger Lily pour qu'il soit attiré dans un piège en voulant la délivrer. Il réussit malgré tout à la libérer, mais la fée clochette le trahi, car elle était jalouse de Wendy : elle dit au capitaine Crochet où il s'était caché. Il vint alors, durant son sommeil, empoisonner une potion que lui avait préparée Wendy. Mais prise de remords, la fée clochette but la potion juste avant que lui ne la boive. Mourante, elle fut sauvée par tous les enfants qui croyaient aux fées qui vinrent après qu'il les eut appelés.

Il engagea alors une bataille sur le bateau pirate contre le Capitaine Crochet qu'il vainquit en le jetant dans la gueule du crocodile-horloge qui le dévora. À l'aide du bateau, il ramena Wendy à ses parents ainsi que ses frères et tous les enfants perdus qu'ils adoptèrent. Avant de repartir, il fit la promesse à Wendy de revenir tous les ans pour la ramener au pays imaginaire.

Mais il avait oublié cette promesse, et depuis, il avait erré dans ce monde sans jamais se rappeler ce qu'il avait promis et à qui. Il subissait, depuis, la malédiction de devoir vivre dans le monde réel des grands, lui qui s'était juré de ne jamais grandir et toujours rester au pays imaginaire. Maintenant qu'il se souvenait, il pouvait se défaire de ce sortilège et retourner voir Wendy pour honorer sa promesse et l'emmener à nouveau dans son pays imaginaire.

  • Il faut que je vienne avec vous sous la montagne de fer et comme ça, je pourrai repartir à Neverland ! Conclut-il.

*

*        *

La nuit était tombée depuis longtemps quand nous sortîmes pour nous rendre vers la place du Trocadéro. Line avait laissé sa robe scintillante pour une tenue digne d'une princesse d'Yonsé. Quant à moi, je remis ma tenue du square afin de passer un peu plus inaperçue et m'éviter des situations comme celles de la veille. Une fois dehors, René verrouilla la serrure et glissa la clé sous la porte de service. J'avais eu la présence d'esprit de prendre un peu d'argent dans la caisse afin de ramener quelques souvenirs pour mes amis de la guilde et quelques flacons de cette boisson miracle. Monsieur Jackson avait toujours son livre sous le bras. Line, elle, emporta deux déguisements identiques à la tenue que portait Monsieur Jackson dans le Palais, mais pour des enfants en bas âge.

  • Ça pourra toujours servir si je mets des jumeaux au monde, dit-elle, et puis ça nous rappellera le jour de nos retrouvailles avec René.
Nous voilà ainsi partis tous les quatre, l'ambiance dans la rue était électrique, les avenues brillaient de mille éclats par des guirlandes toutes plus belles les unes que les autres. La température était clémente ce soir-là et beaucoup de monde allait voir le spectacle pour fêter le passage à la nouvelle année.

Je trouvais étrange que l'on puisse fêter le changement d'une unité d'année ; après tout, ce n'est qu'un jour de plus dans un calendrier. Qu'y a-t-il de nouveau d'un jour sur l'autre ? Le square est toujours le même depuis des mois, le trou 15 de Rufus sera toujours identique du premier au dernier jour de l'année... il y aurait tellement d'autres choses à fêter. Ce monde restera longtemps un mystère pour moi.

À l'approche de la grande place, il y avait des marchands qui avaient disposé des étals où l'on pouvait se procurer de la nourriture et des flacons de boisson magique. C'est là aussi où j'ai trouvé ces drôles de boules pleines d'eau dans laquelle était représentée la grande montagne métallique en modèle réduit, évidemment. Lorsqu'on la retourne, on se croirait sur Sosori quand les cerisiers en fleurs perdent leurs pétales dans la brise. J'ai toujours aimé le romantisme de ce parcours où je vais parfois quand mon moral est au fond du bunker.

Ma réserve de boissons faite et mes précieux cadeaux dans un sac, nous repartîmes en suivant la foule.

Les gens étaient pour la plupart déguisés, ils venaient en famille ou entre amis pour s'installer sur les longs fairways en contre bas de la grande montagne de fer. Nous croisâmes quelques jeunes femmes en tenue d'infirmière, ce déguisement avait eu beaucoup de succès.

La foule se faisait plus dense, nous nous glissâmes jusqu'au pied de la grande tour qui scintillait frénétiquement. Nous patientâmes au centre de l'immense voûte que forment les quatre majestueux piliers qui la soutiennent.

Pendant que Line était occupée à écouter Monsieur Jackson qui lui montrait avec exaltation les images de son livre en lui présentant les différents personnages qui y figuraient, j'en profitais pour discuter un peu avec René. Les premières fusées commençaient à illuminer le ciel.

  • Vous devez être impatient maintenant de vous retrouver chez vous après deux ans d’absence, dis-je comme futilité pour lancer la discussion.
  • Oui, et je vous dois beaucoup pour être arrivée à exorciser cette malédiction.
  • Moi ? Mais j'ai rien fait ! C'est vous qui m'avez sorti à chaque fois du pétrin.
  • Il a suffi que vous arriviez pour que tous mes problèmes se résolvent. Depuis que je me suis réveillé dans ce monde je tournais en rond et je m'étais résigné à rester ici pour l'éternité, j'avais perdu l'espoir de retrouver Line. Dès que je vous ai rencontré, vous m'avez ouvert la voie. En deux jours, vous avez plus fait que moi en deux années !
  • Je me demande encore si j'ai bien fait de suivre ma curiosité et de m'être retrouvée ici. C'est vrai que je ne vous aurai jamais rencontré sans ça, mais après avoir partagé toutes ces péripéties je vais trouver mon monde bien vide et ennuyeux sans vous à mes côtés.
  • Le Royaume d'Yonsé aurait beaucoup à gagner s'il vous comptait parmi ses habitants. Vous mériteriez une place d'honneur à la cour du Roi ce qui me permettrait, par la même occasion, de garder un œil sur vous pour vous sortir des situations dans lesquelles vous avez l'habitude de vous retrouver.
Pendant qu'il disait cela, il enleva sa cagoule et détacha le médaillon d'émeraude qui ornait son front.
  • Tenez ! C'est pour vous, dit-il en me le tendant. Mes aïeux se sont transmis ce talisman et l'ont porté depuis des générations, vous en aurez plus besoin que moi maintenant, ça vous protégera des mauvaises âmes.

Émue, je ne pus répondre qu'un balbutiant « merci ». Des bouquets multicolores ornaient le firmament.
  • Mais..., et moi ? Je n'ai rien à vous donner !
  • C'est inutile, vous m'avez donné bien plus que vous ne pouvez l'imaginer.
Il approcha sa main vigoureuse de ma joue, qu'il effleura, pour passer une boucle rebelle derrière mon oreille.

Il glissa lentement ses doigts dans mes cheveux vers le haut de mon crâne d'où il tira sèchement sur une fine mèche pour la détacher. Je ne perçus qu'un léger pincement sur mon cuir chevelu. Il l'enroula délicatement autour de son index, puis il dévissa une sorte de bouchon métallique au bout du manche de son épée et l'y glissa dans la cavité avant de l'y enfermer.
  • Pour que je ne sois pas seul, que tu sois là avec moi.
Il faisait jour en pleine nuit et une nuée de personnages en tout genre gravitaient autour de nous comme s'ils évoluaient au ralenti. C'était la première fois qu'il utilisa le « tu » pour me parler et tout devint irréel. Des super héros côtoyaient des princesses, une petite souris à grandes oreilles était au bras d'un gros Gaulois à moustache, des animaux féroces s'enlaçaient avec des Rocks Stars, des tenues de policiers étaient plus vraies que les originales... en fait, c'était de vrais policiers ! Les mêmes qu'il a deux jours, les mêmes que ceux de la veille. Le cauchemar reprit.

Quand l'un d'eux croisa mon regard, il fit signe à son coéquipier qui sortit une photo de sa veste d'uniforme, ils acquiescèrent. Le plus âgé parla dans une sorte de gros téléphone, visiblement pour appeler des renforts. Ils avancèrent dans notre direction, une main sur leur arme fixée à la ceinture. Une fois de plus, mon cœur sortit de ma poitrine, ma gorge se paralysa, je vacillais sur mes jambes. Je me blottis alors dans les bras de René qui n'avait rien perçu de ce qui allait se passer, il m'enlaça de ses bras où je voulus disparaître. Je craignais qu'il ne veuille à nouveau sortir son épée en voulant me protéger et que cela ne s’achève par un drame. Je serrais son talisman dans ma main aussi fort que la douleur me le permit. Le ciel s’enflamma dans un fracas indicible. À la torture de mes tympans s'ajouta une brûlure dans les yeux : l'air devint d'une blancheur opaque si intense que tout ce qui était autour disparut comme absorbé dans ce voile immaculé. Même les yeux fermés je ne voyais que du blanc.

Le vacarme cessa si subitement que je continuais à percevoir en écho les déflagrations qui persistaient dans ma tête. J'avais le sentiment d'avoir été rouée de coups de la tête aux pieds. L'intensité lumineuse baissa sensiblement, à tel point que je me risquais finalement à rouvrir les yeux.

Il me fallut quelques instants pour réaliser que j'étais allongée sur le fauteuil flottant où tout avait commencé. J'éprouvais un sentiment tellement extra-ordinaire que je ne sus qu'elle était la part de réalité de ce que je venais de vivre. Avais-je rêvé ? Étais-je sous l'emprise de substances en cours d'expérimentation ? Ou alors, aussi improbable que cela puisse être, je venais bel et bien de revenir de l'autre côté du monde avec des souvenirs authentiques. Je ressentis une douleur dans ma main, j'y découvris le talisman que René venait de me confier. L'émotion me submergea d'un immense plaisir de l'aventure que je venais de vivre, mêlée avec la lancinante souffrance d'être séparée d'un exceptionnel ami que je ne n'allais plus revoir.

Je crois me souvenir d'être restée là un long moment, comme pour amasser le plus de souvenirs qu'il me soient possible de ces derniers instants passés avec René, avant qu'ils ne se dissipent et que les sensations s'estompent.

Quand je revins sur le square par la porte de derrière Potter, rien ne semblait avoir changé, je saluais les amis présents et les membres de la guilde tous très occupés comme d'habitude, le temps était au beau fixe comme toujours, et pourtant tout y était différent.

Il me fallut un long moment toute seule dans mon box pour enfin pouvoir tolérer à nouveau le brouhaha des discussions à tous crins des Canassons, mais je restais comme absente, indifférente à ce qui pouvait se dire. À qui aurai-je pu confier le détail de ces aventures sans que je ne sois prise pour une affabulatrice ? Qui aurait bien pu m'apaiser de l'ivresse du vide causé par l'absence de René ? En avais-je seulement l'envie ? Comme si je craignais qu'en partageant ma douleur pour la soulager, je pouvais aussi annihiler la réalité de ce qui nous avait rapprochés avec mon bon chevalier. Non, tout cela devait rester secret.

Deux jours ont suffi pour me changer, beaucoup plus seront nécessaires pour que je l'admette. Alors, si dans les semaines qui viennent, vous me surprenez plutôt distante, silencieuse ou lunatique un médaillon à la main, ne m’en veuillez pas trop, vous n'y êtes pour rien : c'est Monsieur Jackson, Line et surtout René qui sont revenus hanter mon esprit.

Mais ne le répétez à personne, ça reste entre nous !

lundi 11 juillet 2011

Chroniques du Square 1.12

Si tu arrives ici pour la premiére fois, va plutôt lire d'abord le premier épisode ici:



Quand le silence revint, on entendit du bruit venant de la première salle, qui s'éclaira quelques instants après. Des voix parvenaient jusqu’à nous, elles approchaient.

  • Reprenez vos positions sans bouger, ne nous faisons pas remarquer ! Ordonna René.

Tous les personnages se figèrent instantanément, Line et Monsieur Jackson s’exécutèrent, René ôta rapidement la statue de son double pour la dissimuler derrière un rideau mural et prît sa place sur l'estrade, la main sur le manche de son épée, prêt à dégainer. Quant à moi, je m'installai sur un promontoire inoccupé à côté de l'amnésique et face à mon chevalier enchanteur, mes mains sur la tête comme si je réajustais ma coiffe.

Deux silhouettes en uniforme passèrent le seuil de notre salle qu'ils éclairèrent. Je les reconnus immédiatement. Les deux agents de police étaient ceux qui m'avaient réveillé la veille au pied de l’Obélisque. Je priai pour qu'ils ne me reconnaissent pas.

  • Tout à l'air calme ici aussi, dit l'un.
  • Oui, on aurait du mal à imaginer que tout ce monde se mette à danser dans le noir quand il n'y a plus personne, t'imagines ?
  • T'es déjà venu ici ?
  • Quand j'étais gamin, ouais, avec mes parents. Tiens, y avait déjà Claude François à l'époque. Qu'est-ce qu'il est petit ! Je le voyais vachement plus grand dans mes souvenirs ! Tiens, fais-moi une photo avec lui, je la montrerai à ma femme demain, on rigolera.

Son compagnon lui prit son téléphone, pour le prendre en photo avec, alors qu'il marquait une pause ridicule à côté du détenu : les yeux écarquillés avec un grand sourire béat, il déhanchait son corps, un doigt levé au plafond et l'autre main simulant une tape sur sa fesse.

  • Voilà ! T'es parfait. Lui dit-il en rendant le combiné avec son image figée qu'il apprécia un moment.
  • Regarde, là ! Céline avec son Reeeeenééé... ils l'ont drôlement habillé, déjà qu'en vrai il est vieux et pas beau... commenta le plus gros.

Ils éclatèrent de rire.

  • Oh, ya aussi Mickaël ! La classe ! Quand j'étais au collège j'étais le roi du moonwalk, dis le plus jeune, regarde, j'ai encore des restes.

Il se mit à faire une sorte de pas chassé en reculant sans décoller les semelles de ses chaussures du sol en même temps qu'il ondulait ses bras de part et d'autre, comme pour imiter une vague, mais ses chaussures glissaient mal sur ce revêtement de sol et ça faisait des crissements désagréables pour son collègue qui grimaçait.

  • Aïe, arrête s'il te plaît, c'est insupportable.
  • Bon, là ça marche pas mais sinon j'y arrive bien.

Il se tourna alors vers moi ; mon cœur explosa dans ma poitrine.

  • Et qui c'est celle-là ? Ya rien écrit. Mais..., attends..., tu trouves pas qu'elle ressemble à Clara Morgane ?
  • Qui ça ? Répondit son compagnon en s'approchant lui aussi.
  • Oh, l'autre ! Il fait genre « je sais pas c'est qui Clara Morgane... », je suis sûr que tu as tous ses DVD chez toi.
  • On n'est pas tous accros au porno comme toi.
  • Ah, tu vois ! Tu t'es grillé ! Tu savais que c'est une actrice de X.

Et il monta sur mon estrade pour se glisser derrière moi. J'étais au bord de la panique. Il posa ses mains sur mes hanches et, en les remontant lentement, il dit à son copain :

  • Eh ! T'aimerais pas en avoir une comme ça dans ton lit, hein ?

Je vis René qui eut un geste à peine perceptible pour sortir son épée de son étui. Je le fixai dans les yeux et d'un léger froncement de sourcils, je lui fis comprendre de ne rien tenter.

  • Pfff ! Tu saurais pas quoi en faire d'une bombe pareille ! J'suis sûr qu’Élodie serait d'accord avec moi en plus. Aller, sors de là on va se faire repérer par les caméras de surveillance.
  • Comment çà, « Élodie serait d'accord avec toi ? », qu'est-ce que tu veux dire par là ? Rétorqua contrarié le jeune policier qui, du coup, retira ses mains de ma poitrine pour s'en retourner dans l'allée centrale.
  • Non, c'est rien... on s'en va maintenant, ya rien ici. Contacte la sécurité du musée pour qu'ils envoient du monde pour réparer les digicodes vandalisés. Dit-il en retournant vers l'entrée.
  • Non c'est pas rien ! Elle t'a dit quelque chose ma femme sur moi ? Dis ! Si t'es un pote tu dois me dire !... Qu'est-ce qu’elle t'a dit ?

La lumière s'éteint, et leurs voix devinrent inaudibles quand ils sortirent vers le hall d'entrée. Le silence revint.

  • D'autres gardes vont venir, il faut que nous partions. Dit René.

Nous nous dirigeâmes aussi vers l'entrée, il jeta un regard en entrouvrant la porte qui donnait sur la rue.

  • Ils sont juste là devant, il faut que l'on trouve une autre issue.

Nous repartîmes vers l'intérieur pour trouver une porte de service moins exposée à la vue. Avant de passer sous le second porche, je levai la tête sur la fresque murale. René s’aperçut de mon étonnement et en la découvrant il se dit :

  • Mais..., qu'est-ce que ça signifie ?
  • Je crois que le sort est en train de se défaire, répondis-je.

En effet, de tous les personnages qui étaient représentés quelques minutes plus tôt, il ne restait plus que le Roi d'encore visible, et sa deuxième épouse à peine reconnaissable.

  • Mais c'est papa ! S'écria Line. Que fait-il là avec son ignoble femme ?
  • Allez, partons, on vous expliquera plus tard, lui dis-je.

Monsieur Jackson resta quelques instants à contempler le tableau, je revins en arrière pour le chercher, il fixait le mur comme hypnotisé, il sursauta à mon appel. Il se reprît et refît une de ses pirouettes pour lesquelles il avait un don certain en ondulant tout son corps pour finir sur une pause avec une main cramponnée sur son entrejambe et l'autre dirigée vers le plafond — décidément ! — le tout en lâchant un percutant :

  • Who's bad ?!

Il me passa devant comme si de rien n'était pour rejoindre Line et René, alors que je restai médusée et perplexe quelques instants, sans comprendre le sens de ce qu'il venait de faire.

Le couloir de service donnait sur une rue adjacente bien plus calme que le grand boulevard. Nous dûmes attendre plusieurs minutes avant qu'un taxi de libre ne passe et que René l'intercepte. Pendant l'attente il eut le temps d'expliquer à Line tout ce qu'il avait entrepris pour la retrouver depuis deux ans, jusqu'à la soirée d'hier avec la vieille dame et ses prophéties. Il lui dit que nous devions maintenant trouver la grande montagne de fer et d'y attendre que le ciel s'embrase pour que la malédiction soit définitivement exorcisée.

Elle, de son côté, lui raconta que la pire épreuve dans sa claustration avait été les incessants visiteurs qu'elle pouvait entendre et sentir quelque peu, et qui, à longueur de journée, criaient le prénom de son sosie, se faisait prendre en photo à ses côtés, fredonnaient des cantilènes insanes, ne pensaient qu'à la toucher en s'extasiant qu'elle paraissait être aussi belle et vraie que la vraie.

  • C'était évident puisque je suis vraie ! S'indigna-t-elle.

Pendant ce temps, je restai aux côtés de Monsieur Jackson qui s'agitait de plus en plus. Il ne se souvenait toujours de rien alors que son corps, lui, semblait avoir des choses à raconter. Je patientai assise sur un banc au bord de la chaussée pendant qu'il exécutait l'ébauche d'une chorégraphie apprise par cœur. Il enchaînait des pas chassés, des glissés, des déboulés, passait de demi-plié à des développés le tout dans des positions très athlétiques d'une grande célérité. Je compris aussi ce que voulut faire un peu plus tôt le policier dans le musée : l'illusion de reculer sans faire le moindre pas et sans soulever les semelles était bluffante quand Monsieur Jackson réalisait sa marche lunaire. Il alternait aussi avec des temps plus calmes et lents où il jouait avec son chapeau, claquait des doigts en battant la cadence et en répétant tout le temps la même ritournelle :

  • Oh Billie Jean, it's not my love ; oh Billie Jean, it's not my love ; oh Billie Jean, it's not my love...

Je pensai qu'il avait dû beaucoup souffrir dans sa vie d'avant, sûrement à cause de ce Billie Jean, et que c'est pour cela que son subconscient préférait tout oublier.



Un taxi s’arrêta enfin, nous nous y engouffrâmes et il démarra aussi sec. René lui tendit une carte de visite de la boutique de location de costumes pour qu'il nous y conduise.

  • Très bien, je connais ce quartier, dit-il, c'est là-bas que vous avez loué vos déguisements j'imagine ? Celui de Mickaël Jackson est très ressemblant, bravo ! Très réussit le maquillage.

Puis il poursuivit :

  • Aaah ! Dommage qu'il soit mort, ma fille l'adorait, elle avait même prévu d'aller le voir à Londres.
  • Qu'est-ce qu'il dit ? Je suis mort ? À Londres ? Questionna Monsieur Jackson depuis la banquette arrière où il se trouvait avec René et Line.

Le chauffeur ne put entendre sa réaction, car je venais d'augmenter le son de l'autoradio.

  • Écoutez ça ! Leur dis-je.
  • ... eh oui, c'est pour ça que demain, dimanche, tout le quartier du Trocadéro sera coupé à la circulation. Les préparatifs pour le grand feu d'artifice de la Saint Sylvestre dureront toute la journée. Nous aurons droit à un grand spectacle pyrotechnique qui devrait embraser tout le ciel au dessus de la Tour Eiffel et qui restera certainement dans la mémoire de tous ceux qui y assisteront. Et après les douze coups de minuit, tous les Parisiens pourront venir faire la fête sur le champ de Mars où se déroulera un grand bal costumé...
  • Le feu du ciel ! M'écriais-je. C'est demain !
  • Mais bien sûr ! La montagne de fer, c'est cette tour immense que l'on voit de partout ! Ça ne peut être qu'elle ! Rajouta René excité comme jamais.

Nuls à part nous ne comprenaient ce dont nous parlions exactement. Nous leur précisâmes simplement que le lendemain soir nous allions tous rentrer chez nous !

  • Je rentre à Londres ? Interrogea Monsieur Jackson.

Sa question nous rendit soudainement silencieux et, sans que nous y prêtions vraiment attention, la radio continuait :

  • ... puis nous avons appris que le président de l'UMP s'est fait sauvagement agresser la nuit dernière en sortant du Fouquet's par une bande de jeunes cagoulés. Après l'avoir dépouillé de son argent et cartes de crédit, ils ont lacéré tous ses vêtements au couteau. Il avait été préalablement appâté à l’intérieur du célèbre restaurant par une jeune femme qui lui avait demandé de la ramener chez elle, a-t-il déclaré. Une fois à l'extérieur, elle l'aurait livré à ses complices qui l'attendaient un peu plus loin. La victime a finalement pu leur échapper grâce à beaucoup de sang-froid et de courage en les semant après une longue course poursuite à pied dans les rues de Paris. Grâce aux images des caméras de surveillance, la photo et un signalement précis de la jeune femme ont été diffusés dans tous les commissariats pour tenter de démanteler cette bande de criminels...
  • Nous y sommes ! Déclara le chauffeur du taxi.

Il nous déposa à quelque pas de l'entrée, René lui laissa tout l'argent qui lui restait même si toutes ces pièces semblaient le contrarier quelque peu. Une fois rentrés par la porte de service, nous nous sentîmes un peu plus en sécurité, René nous précisa alors :

  • Demain c'est dimanche et le magasin sera fermé, nous n'aurons pas à rester debout toute la journée dans la vitrine, on pourra se reposer et se préparer à retourner chez nous.



Depuis que j'étais arrivée dans ce drôle de monde — à peine plus qu'une journée — je n'avais cessé de regretter de m’être installée sur ce fauteuil et de m'être retrouvée loin des miens, j'aurai tout donné pour revenir en arrière et que tout cela ne soit jamais arrivé. Mais quand René eut dit ces quelques mots, je ne pus empêcher cette boule de grossir dans ma poitrine, elle me serra la gorge et fit briller mes yeux. Je voulais, je devais rentrer au square et rependre ma paisible vie. Il le fallait, car si je ne rentrais pas avant la nuit sans lune, tous les habitants du square perdraient leur insouciante existence et seraient contraints à travailler le plus clair de leur temps, au risque de voir leur univers devenir aussi misérable que celui-ci. Telle était la prophétie.

Mais l'idée de ne plus jamais revoir mon galant chevalier m'était douloureuse. Il allait poursuivre sa destinée au bras de sa bien-aimée, retrouver son royaume où il serait couvert de gloire par le Roi et tout son peuple qu'il venait de sauver du déshonneur et de la félonie. Une vie ne lui suffirait pas pour raconter tout ce qu'il a traversé dans cet autre monde, et sa légende traverserait ainsi les siècles, rendant fiers tous ses descendants.

Il m'oubliera certainement très vite une fois parmi les siens.

Peut-être se souviendra-t-il vaguement de temps en temps de cette écervelée, lorsque ma joie d'avoir réalisé un trou-en-un traversera le temps et l'espace, pour venir résonner dans un petit coin de son immense cœur.

Mais chut ! Pensons à autre chose... le jour commence à poindre.

vendredi 8 juillet 2011

Chroniques du Square 1.11

Si tu arrives ici pour la premiére fois, va plutôt lire d'abord le premier épisode ici:

La grande salle était disposée comme une galerie d'exposition. Des petites estrades mettaient en évidence des personnages qui étaient comme enduits de cire, d'où certainement le nom de « musée de cire ». Ils étaient là, figés, sûrement victimes d'une malédiction eux aussi ou bien contraints d'exécuter une décision de justice. Les gens, dans ce monde-ci, étaient cruels : ils faisaient payer les visiteurs qui venaient prendre du plaisir à regarder la souffrance des condamnés pendant qu'ils purgeaient leur peine. Certains devaient être très célèbres, car des panneaux d’information détaillaient qui ils étaient et ce qu'ils avaient fait dans leur vie. L'on pouvait sentir la détresse de toutes ces âmes dans l'incapacité de se mouvoir ou d’exprimer leurs émotions. Ils nous regardaient tous, dans la lumière diffuse des veilleuses de sécurité, comme s'ils nous imploraient de les libérer. Nous avançâmes lentement dans la galerie, découvrant l'un après l'autre les parias de cette civilisation. L'émotion que suscitait un tel spectacle provoqua chez René une bouffée de chaleur. Il se défit de sa cagoule, la fit glisser autour de son cou dévoilant ainsi un crâne chauve qui avait pour effet de renforcer la rondeur de son visage encore jeune.
Nous nous engageâmes dans une autre salle toujours aussi peu éclairée.
  • Line ! S’exclama René. Vous êtes là ! Enfin, je vous trouve.

En effet, dans une estrade un peu plus grande que les autres se tenait une jeune femme aux longs cheveux blonds, elle portait une longue robe blanche parsemée de cristaux transparents qui scintillaient dans la pénombre.

René se prosterna à genoux devant elle comme pour implorer son pardon de ne pas l'avoir trouvé plus tôt, puis il se leva pour s'approcher d'elle et lui pendre la main.

J'aperçus alors au second plan un personnage également figé qui ressemblait étrangement à René, mais avec quelques années et quelques kilos de plus.

  • Regardez ! Mais c'est vous ! On dirait vous en plus vieux ! Lui dis-je.
  • Étrange en effet. Mais qui est-il ? Me répondit-il en s'approchant pour lire la description.
  • Il s'appelle René aussi, comme vous ! René d'Angélil ya écrit. Drôle de coïncidence.
  • Mais Line, ce n'est pas son nom qui est écrit, regardez, ils l'ont appelé Céline, ...Céline Dion. Lit-il à voix basse comme pour mieux réfléchir, puis il poursuivit :
  • Dion Céline... mais oui ! S'exclama-t-il, D'Yonsé Line ! C'est bien elle, c'est sûr maintenant. Mais elle ne bouge pas, elle a cette espèce de cire sur son visage elle aussi. Dit-il en lui effleurant la joue.
  • Rappelez-vous, la vieille dame nous a dit que c'était la complainte d'un homme-enfant qui avait le pouvoir de la rendre à la vie, lui dis-je. Regardez ! Ça ne peut être que lui, on dirait qu'il la regarde comme pour veiller sur elle.

René se retourna pour voir le personnage que je lui montrais dans son dos. Sur l'estrade d'en face se tenait un homme de taille moyenne avec de longs cheveux bruns bouclés qui dépassaient de son chapeau pour tomber sur ses épaules. Il avait les yeux noirs et le teint pâle, une petite arête nasale dominait une bouche aux lèvres très fines. Il portait un veston rouge vif agrémenté de lacets dorés comme on en voit sur certains uniformes militaires de parade. Un pantalon noir serré venait souligner, s'il le fallait, sa silhouette gracile.

  • Vous voyez son expression enfantine ?
  • Oui, vous avez certainement raison. C'est à vous qu'il revient maintenant de l'éveiller de vos doigts.

Je m'approchai prudemment, m'attendant à tout dès l'instant où je lui toucherai la main... Mais rien ne se produisit. Je me tournai alors interrogative vers René.

  • Elle a dit que vous deviez penser à quelque chose de pur pour l’éveiller.
  • Mais c'est quoi quelque chose de pur ?
  • Pensez à ce qui vous importe le plus, aux sentiments que vous éprouvez pour un être cher, à quelque chose de bon..., essayez !

Je fis défiler une multitude de pensées dans mon esprit tout en tenant la main de cette statue de cire. Je pensai à la Guilde, à mon ange gardien, à mes amis du square, aux vannes à 200 NG de Padgreg, aux nouveaux clubs que j'allais m'acheter... rien n'y faisait.

  • Écoutez-moi, me dit René, faites le vide dans votre esprit..., ne pensez à rien..., et maintenant posez-vous cette question : qu'est-ce que je désire le plus au monde ? Qu'est-ce qui vous vient à l'esprit ?
  • Un trou-en-un !? M'exclamais-je.

Ses doigts froids et inertes se réchauffèrent spontanément. En un instant, tout son bras s'assouplit et le touché artificiel laissa place à une vraie sensation de peau sous mes doigts. Tout son corps s'emplit de vie et son visage devint aussi humain qu'expressif. Il prit alors son chapeau d'une main d'un geste vif pour l’apposer sur sa poitrine et par un jeu de jambes habile il effectua une pirouette sur lui-même tout en poussant un puissant « hi-ha ! ».Il stoppa son mouvement en prenant une pause très déhanchée, avec le bras tendu vers le plafond qu'il pointait du doigt, alors qu'il regardait le sol. Avec René nous regardâmes alternativement le plafond et le sol pour découvrir ce qu'il voulait nous montrer, mais nous ne voyions rien de particulier. Il resta ainsi quelques secondes.

Après avoir jeté un œil sur le panneau informatif, je me risquais à lui parler.

  • Monsieur Jackson ? Vous êtes bien Monsieur Jackson, n'est-ce pas ? Vous vous sentez bien ?
  • Mais... ? Où je suis ? Qu'est-ce que je fais là ? Vous êtes qui ? Dit-il surpris avec un drôle d'accent, en reprenant lentement une attitude normale.
  • Ça serait long à expliquer, mais est-ce que vous connaissez cette personne ? Lui demandais-je en désignant Line.
  • Mais, je comprend rien, où on est là ? Je ne me souviens plus de rien, de rien du tout!...
  • Vous ne savez pas pourquoi vous êtes là ? C'est embêtant ça, dit René.
  • La dernière chose que je me souviens c'est qu'on me faisait une piqûre pour mieux dormir... mais... vous êtes infirmière ! C'est vous qui m'avez piqué pour que je me retrouve ici, c'est ça ?
  • Non, non, je ne suis pas infirmière et on ne s'est jamais vu. Essayez de vous calmer et vous allez vous rappeler de qui vous êtes.

René enchaîna :

  • Est-ce que vous connaissez une complainte ? Vous récitiez des complaintes avant que vous vous endormiez ? Vous avez le pouvoir de rendre Line, ma bien-aimée, à la vie si vous en dites une.

Suivez la scéne suivante avec le son Direct Live en lançant la vidéo ci-aprés et en poursuivant la lecture ! ...

  • Elle est partie il y a deux ans et laissé mon monde si froid. La nuit dernière je pense l'avoir entendue pleurer, me demandant de venir et de la tenir dans mes bras. Un autre jour se termine et je suis encore tout seul...
  • Another day has gone, i'm still all alone... se mit à chanter Monsieur Jackson en même temps que les derniers mots de René, et continua :

How could this be
Comment cela pourrait être
you're not here with me
tu n'es pas là avec moi
you never said goodbye
tu n'as jamais dit au revoir
someone tell me why
que quelqu'un me dise pourquoi
did you have to go
tu as du partir
and leave my world so cold.
et laisser mon monde si froid.
Everyday i sit and ask myself
Chaque jour je m'assois et je me demande
how did love slip away
comment l'amour a pu disparaître
something whispers in my ear and says
quelque chose me murmure à l'oreille et me dit
that you are not alone
que tu n'es pas seule
for i am here with you
je suis là avec toi
though you're far away
bien que tu sois loin
i am here to stay
je suis là pour y rester,
but you are not alone
mais tu n'es pas seule
for i am here with you
je suis là avec toi
though we're far apart
bien que nous soyons loin
you're always in my heart
tu es toujours dans mon cœur,
but you are not alone.
mais tu n'es pas seule.
Just the other night
La nuit dernière
i thought i heard you cry
je pense t'avoir entendu pleurer
asking me to come
me demandant de venir
and hold you in my arms
et de te tenir dans mes bras
i can hear you prayers
je peux entendre tes prières
your burdens i will bear
ton fardeau je le porterai,
but first i need you hand
then forever can begin
mais j'ai d'abord besoin de ta main
alors l'éternité peut commencer
Everyday i sit and ask myself
Chaque jour je m'assois et je me demande
how did love slip away
comment l'amour a pu disparaître
something whispers in my ear and says
quelque chose me murmure à l'oreille et me dit
that you are not alone
que tu n'es pas seule
for i am here with you
je suis là avec toi
though you're far away
bien que tu sois loin
i am here to stay
je suis là pour y rester,
but you are not alone
mais tu n'es pas seule
for i am here with you
je suis là avec toi
though we're far apart
bien que nous soyons loin
you're always in my heart
tu es toujours dans mon cœur,
but you are not alone.
mais tu n'es pas seule.


  • Whispers three words and i'll comme runnin' and girl you know that i'll be there, i'll be there. Murmure trois mots et j'accourrai et chérie tu sais que je serai là, je serai là . 

Il est difficile de décrire avec des mots la forte sensualité qu'il émanait de l'interprétation de cette complainte par Monsieur Jackson, mais René et moi étions comme hypnotisés par l’émotion qu'il dégageait.

Je ne sais pourquoi, par contre, il chantait comme s'il avait un cornet de glace imaginaire devant sa bouche qu'il n'osait déguster.

Tout son corps vivait cette chanson, des mimiques du visage jusqu'au jeu de jambes très adroit qui lui permettait de virevolter en fonction de la force qu'il voulait mettre dans certains mots ou phrases. Tout en dansant il jouait avec les autres personnages de la galerie comme s'ils étaient un public venu le voir faire son spectacle. Il s'adressait à eux comme s'il leur tenait un dialogue, durant lequel il fermait les yeux pour mieux supporter la souffrance que produisaient les mots qu'il chantait.

Sur cette dernière phrase, René, emporté par l'émotion, s'était approché de Line et lui chuchota « je t'aime » à l'oreille avant de l'embrasser. Comme il l'avait été annoncé, elle revint à la vie. Elle entrouvrit les yeux et pour la première fois depuis deux ans, elle revit son amant. Elle l'enlaça alors de ses bras dans une fougueuse étreinte.

Nous reprîmes le refrain final avec René, Line et moi en guise de choristes, bras dessus bras dessous, nous nous balancions sur le tempo de la mélodie tout en chantant pendant que Monsieur Jackson improvisait des variations d'une pure beauté. Dans le crescendo final, nous étions tous les quatre dans une telle majestueuse empathie harmonique que tous les personnages présents se mirent eux aussi à se balancer, tapper dans leurs mains et chanter, je crois même que certains en avaient des larmes aux yeux.

Rien qu'en y repensant, j'en ai encore des frissons partout dans le corps.


  

mardi 5 juillet 2011

Chroniques du Square 1.10

Si tu arrives ici pour la premiére fois, va plutôt lire d'abord le premier épisode ici:

En fait, tout se passa bien. René, malgré quelques hésitations, nous trouva les tickets pour passer le portail qui menait au quai. Il mit quelques pièces au hasard dans une machine jusqu'à ce qu'il en sorte les deux bouts de carton qu'il fallait ensuite engager dans une fente afin que des portes automatiques s'ouvrent. Mais elles ne s'ouvraient que le temps de passer, pour tout de suite se refermer derrière nous.



L'épée de René ne manquât pas de s'y coincer à la fermeture, il crut que c'était une tentative d'agression et dans un mouvement réflexe il prit en main son arme et se retourna pour tenir en respect l'assaillant. Ne comprenant qu’après coup ce qui venait de se passer, sans perdre son flegme il remit lentement son épée dans son fourreau en regardant alentour pour voir s'il y avait eu des témoins de la scène. Je passais à mon tour à travers le portique dans un début de fou rire qui résonnait dans tout le hall de la station étrangement déserte. Alors que nous avancions dans le couloir qui menait au quai, je retenais toujours difficilement mes spasmes. René garda tout son sérieux, visiblement un peu vexé de s'être ainsi leurré. Il marchait un ou deux pas devant moi, la tête droite et le regard fixe ; dans un esprit taquin, je tirais sur le fourreau de son épée afin de simuler une nouvelle attaque du féroce ennemi. Il ne put à nouveau réprimer son réflexe, mais sans sortir son épée ce coup-ci, il comprit rapidement que je me moquais de lui et daigna me faire un sourire. Quelques pas plus loin il se retourna précipitamment en dégainant son épée pour affronter une horde d'assaillants imaginaires qui nous poursuivaient. Il les terrassa tous en quelques passes d'armes, puis, dans une démarche altière, remit l'épée dans son fourreau. Mon fou rire redoubla, j'étais pliée en deux au milieu du couloir n'arrivant même plus à mettre un pied devant l'autre. Les deux ou trois voyageurs qui passaient par là, s'écartaient en frôlant les murs, sûrement inquiets d'une éventuelle réaction du chevalier sans peur et sans reproche au moment où ils allaient le croiser. Cette complicité ne nous quitta plus.



Je me sentais en sécurité avec René et je l'aurai suivi au bout du monde. Je me surpris à penser que Line avait de la chance d'avoir un amant comme lui : affronter l'enfer de ce monde pendant deux ans sans réel espoir de la retrouver, sans jamais douter un instant et avec pour seul allié l'amour qu'il lui portait. Maintenant, je savais que le jour où j'ouvrirai mon cœur, ce serait pour une âme qui se révélerait aussi noble que la sienne. Cette pensée d'avoir touché là à un sentiment essentiel m’emplit de force ; cette force si intense, mais si fragile que l'on éprouve lorsqu'on se fait un nouvel ami. Oui, avec René on était devenus des amis, liés par les circonstances inattendues de la vie certes, mais surtout par une inextinguible affection mutuelle.



Quelques stations plus tard, nous sortîmes de ce tunnel nauséabond pour nous retrouver dans une nouvelle grande avenue aux heures où un calme relatif semblait s'installer. L'esprit festif qu'était censée donner l'illumination de l'avenue dénotait avec l'ambiance glauque qui s'en dégageait. Des couples se précipitaient dans des restaurants, d'autres en sortaient bruyamment pour se jeter dans un taxi. Les trottoirs étaient parsemés de détritus qui n'avaient pas étés ramassés depuis plusieurs jours visiblement ; jamais une telle saleté n'aurait été tolérée dans notre square. Un peu plus loin, un homme en guenilles se tenait debout tant bien que mal, faisant face à un lampadaire qu'il menaçait apparemment de représailles s'il continuait à le prendre pour un abruti.

René s'adressa à un passant qui lui parût abordable.



  • Pardonnez mon indélicatesse de vous approcher ainsi, mais pourriez-vous m'indiquer où se situe le Palais des Mirages ?



L'homme eut un léger mouvement de recul qui se justifiait compte tenu de nos accoutrements et de l'heure avancée de la soirée. Il fronça les sourcils comme pour nous signifier qu'il ne comprenait pas la question.

  • Le musée de cire ! Ajoutais-je.
  • Ah ! Grévin ! C'est juste un peu plus loin sur ce trottoir, vous pouvez pas le rater, mais c'est fermé à cette heure-ci.

Nous le saluâmes en guise de remerciement et il reprit son chemin.

Il nous semblait évident que le palais fut clos. Une forteresse qui retenait une princesse pour l'éternité se devait d'être fermée et même puissamment gardée.

  • Quand nous serons face à la herse du pont-levis, nous aviserons. Il nous faudra trouver le point faible des remparts et réfléchir à comment déjouer la vigilance des soldats pour pénétrer dans l'enceinte. Me précisa René tout excité de toucher presque au but.

Mais il n'y eut point de pont-levis, de soldats ni de remparts. René vérifia à deux reprises que nous étions bien sur le boulevard Montmartre à hauteur du numéro10. Il demanda même à une passante s'il n'y avait pas eu à cet endroit une forteresse avec une herse et un pont-levis ; elle prit peur et accéléra le pas en disant que ça ne l'intéressait pas, qu'elle avait tout ce qu’il lui fallait chez elle.

Au-dessus de la porte cochère en bois était bien écrit : « Palais des Mirages », et une plaque précisait :«Musée Grevin ». Nous nous rendîmes à l'évidence que c'était bien l'endroit que nous avait indiqué la vieille dame.

  • Si c'est ici, ça sera plus facile d'y entrer que ce que j'imaginais. S'enthousiasma René.
  • Comment vous comptez faire ? La porte est solide et elle est fermée à clef.
  • Hum!... les serrures de ce monde sont enfantines à ouvrir, restez derrière moi. Me dit-il.

Il s'approcha du porche et considéra le clavier numérique disposé sur l'un des côtés. Il regarda aux alentours et patienta jusqu'au moment opportun où plus aucun passant ne déambulait à proximité. Il dégaina son épée et d'un coup bref éventra le boîtier électronique dans un éclat d'étincelles et un nuage de fumée. L'instant d'après, un bruit mécanique déverrouilla la porte qui s’entrouvrit légèrement comme pour nous inviter à entrer. Mon cœur se mit à palpiter furieusement sous l'excitation de l'interdit que j'étais en train de transgresser. René poussa la porte derrière laquelle nous nous faufilâmes, et la refermât. La pénombre laissait, malgré tout, bien percevoir la galerie dans laquelle nous nous trouvions. Nous étions apparemment dans un grand hall servant à recevoir du public et qui devait patienter face à un guichet. Une fois acquittés de leurs droits d'entrée, les visiteurs pouvaient s'avancer vers un porche au-dessus duquel était sculptée dans la paroi une représentation d'une famille royale. René tomba à genoux quand il perçut les détails de cette fresque. Il la fixa longuement, la bouche bée alors que ses yeux s'humectaient à tel point qu'une larme roula sur sa joue.
  • C'est mon Seigneur et sa famille ! Me dit-il enfin.

Puis il ajouta :

  • Mais je ne reconnais nullement Line, je ne vois que mon Roi, son épouse et sa fille aînée avec celui qui semble être son prétendant. Elle serait donc arrivée à ses fins !

Il me fallut quelques secondes, à peine, pour réaliser la signification de ce que venait de déclarer mon malheureux chevalier. Cette scène représentait la famille du Royaume d'Yonsé. Or, l’absence de Line et de René dans ce tableau venait témoigner qu'ils avaient bel et bien disparu à tout jamais de l'histoire et que la malédiction avait touché au but en instituant sur le trône une des filles de la marâtre.
  • Tout est fini alors. Soupira-t-il de dépit.
  • Mais pas du tout ! Dis-je. Si l'on retrouve Line et que vous repartez dans votre époque, votre Roi ne laissera pas une autre que sa fille aînée prendre le trône ! Il est encore temps de déjouer le mauvais sort. Entrons la chercher et arrêtez de vous morfondre !
  • Fichtre ! Diantre ! Sacrebleu ! Vous avez raison ! Retrouvons cet homme-enfant qui est censé veiller sur elle, j'ai deux mots à lui dire.

Un autre coup d'épée lui suffit pour déverrouiller la deuxième porte qui donnait sur une grande salle et ce que nous y découvrîmes nous horrifia littéralement.



samedi 2 juillet 2011

Chroniques du Square 1.9

Si tu arrives ici pour la premiére fois, va plutôt lire d'abord le premier épisode ici:


L’anxiété de ne pas voir revenir René et la surprise de découvrir un jeune homme d'une vingtaine d'années en face de moi me fit sursauter tout en lâchant un cri bref, mais qui inquiéta une bonne moitié des clients de la cafétéria. Mon visiteur profita de quelques éclaboussures de la boisson que j'avais en bouche quand il me surprit. Il cligna des yeux tout en gardant son sourire.
  • Je t'ai fait peur ? Excuse-moi. Dit-il en prenant une serviette en papier sur le plateau pour s'essuyer grossièrement le visage.
  • Tu vas manger tout ça toute seule ? Poursuivit-il en désignant du menton le plateau tout en me faisant un clin d’œil, comme s'il avait voulu créer une sorte de complicité entre nous.
Je suis peu sensible en fait à ce genre de familiarités surtout avec des personnes avec lesquelles je n'ai même pas tapé quelques balles. Encore sidérée par l'effet de surprise, je pris aussi une serviette pour m'essuyer la bouche ainsi que la portion de table devant moi.

  • Voilà, avec mes potes qui sont là-bas, j'ai fait un pari, je leur ai dit que tu accepterais de me soigner parce que j'suis très malade et qu'il me faut une piqûre d'urgence. J'ai besoin d'une injection dans les fesses sans quoi je vais tomber dans les pommes et là, faudra que tu me fasses le bouche-à-bouche. Il éclatât de rire et poursuivit : si tu me soignes bien tu pourras aussi venir soigner mes potes à notre table et après on pourra aller...
Sa phrase fut interrompue par la sensation d'une épée sur son épaule, il se retourna et vit René qui arrivait au bon moment encore une fois.
  • Ah, c'est ton camarade ? Il peut venir aussi s’il veut, avec une belle épée comme ça...
  • Suffit ! S'exclama René qui lui faisait face maintenant.
D'un mouvement sec de l'épée, il coupa la mèche de cheveux du jeune homme qui semblait de toute manière l'indisposer puisqu'elle retombait systématiquement sur ses yeux malgré le fait qu'il tentait sans cesse de la faire tenir en la faisant remonter par un mouvement de rotation de la tête.
  • Vous indisposez la demoiselle, et si vous persistez c'est moi qui vais vous piquer l’arrière-train de ma lame.
  • Mais qu'est-ce qu'il lui prend à lui ? Il m'a coupé les cheveux ! Mais faut te faire soigner, t'es un vrai danger public ! Répondit le jeune homme incrédule en récupérant les cheveux maintenant éparpillés sur la table.
  • Je suis René d'Angers sans conteste. Précisa-t-il en pointant son épée au niveau de l'entrejambe du jeune homme. Et si vous ne quittez pas cette table d'emblée, vous aurez assurément plus à souffrir.
  • Attendez, j'ai une idée René, il va peut-être pouvoir nous aider. Dis-je, en pensant que notre intrus connaîtrait sûrement le Palais des Mirages et nous indiquerait comment s'y rendre.
Il connaissait bien la ville, en effet, mais il n'avait jamais entendu parler de ce palais. Il nous suppliait de le croire, car qu'il n'avait aucune raison de nous mentir et maintenant il demandait même poliment à René de bien vouloir retirer son arme. Ses amis — qui ne pouvaient entendre ce qui se disait du fait du bruit ambiant et de la distance, et encore moins comprendre ce qui se passait — étaient hilares, ils étaient loin de penser que l'épée du chevalier était bien réelle et que nulle autre n'avait un semblable tranchant.
  • Vous connaissez pas « musée Grévin, 10 boulevard Montmartre » alors ? Récitais-je de mémoire l'adresse apprise par cœur un peu plus tôt.
  • Le musée de cire ? C'est ça que vous cherchez ? Mais si, ça je connais !
Le jeune homme sentit enfin une issue favorable à sa mésaventure.
  • Faut descendre métro Grands Boulevards et c'est juste à côté. Mais c'est fermé à cette heure-ci. Je peux partir maintenant ? Hein ? Dit-il en retirant délicatement l'épée du bout des doigts et en se levant lentement.
René le laissa faire, il le fixait avec force du regard pendant qu'il se dégageait.
  • Quittez ces lieux promptement avec vos « potes » avant qu'il ne m'en plaise d'en faire autrement. Rajouta René alors que le jeune homme s'éloignait à toute hâte.
À peine assis, mon vaillant chevalier n'eut besoin que de quelques instants pour absorber un à un le contenu des boites du plateau, ponctués de quelques stridulations bien appuyées lorsqu'il aspirait les liquides aux couleurs étranges. Une fois dans la rue, excessivement illuminée de guirlandes multicolores, René me prévint :
  • Nous allons devoir prendre le ver sous terrain métallique, je l'ai déjà utilisé à quelques reprises, c'est très risqué, surtout ne vous éloignez pas de moi sous aucun prétexte !
  • Je vous lâche pas d'une semelle. Lui assurais-je.
Nous entrâmes donc dans un de ces trous que l'on croisait un peu partout et d'où était sortie la vieille dame. J'étais à la fois excitée par la curiosité de savoir ce qui pouvait bien se cacher là dedans, mais tout aussi inquiète de la mise en garde de mon valeureux chevalier.