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Mes p'tites souris, mes p’tits lapins,

Je m'appelle Balie. Je suis apparue le 19 aout 2009 dans les entrailles de la Matrice de SHOT ONLINE et de la volonté de mon Ange Gardien, avec pour unique but: prendre du plaisir à jouer au golf avec des partenaires multiples.
Ce joli blog ne se veut qu'un reflet des bons et mauvais moments passés dans le Joli monde de SHOT ONLINE (S.O : SOland), une fenêtre ouverte, aussi, sur les rencontres parfois ennuyeuses, souvent jubilatoires avec les autres jolis êtres issus également du ventre de S.O.
Les premières heures passées avec les Essoliens et Essolliennes (habitants de SOland) ont mis en évidence des similitudes avec votre monde du dehors... Ce joli monde, propre, bien rangé, où tout est beau et harmonieux n'en cache pas moins, derrière ses apparences, des injustices, des inégalités, des travers qui se doivent d'être dénoncés!
Les dénoncer non seulement pour tenter de les combattre de ce coté-ci de l'écran, mais aussi parce qu'obtenir des avancées sur la condition des filles, sur la préservation de l'environnement, le pouvoir d'achat et les conditions de travail à SOland (pour ne citer que ceux-là) aura forcément un impact sur ces mêmes sujets dans votre grand monde du dehors!
Puis, raconter les belles rencontres que je fais chaque jour autour du square, dans le sable ou au bord du green rendra peut être certains d'entre vous finalement un peu plus optimiste sur la nature Essolienne comme sur la nature Humaine. C'est le moins que je puisse souhaiter à mes p'tites souris et mes p'tits lapins...
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mercredi 29 juin 2011

Chroniques du Square 1.8

Si tu arrives ici pour la premiére fois, va plutôt lire d'abord le premier épisode ici:


Dés les premières minutes où la vitrine fut éclairée et le rideau levé, les passants s'attardaient devant mon personnage pour m'observer de la tête aux pieds.
À plusieurs reprises, de jeunes couples semblaient commenter ma tenue en arborant un large sourire. Quand parfois le jeune homme suggérait à son amie de rentrer pour louer le même déguisement, elle réagissait d'un air offusqué et s'amusait alors à le rouer de coups de poings et de gifles à peine appuyées. C'est que mon apparence était bien plus réaliste que tous ces mannequins inexpressifs en plastique, de plus, l'éclairage en contre-jour s'ajoutait à la légère transparence du tissu qui laissait ainsi aisément deviner mes dessous écarlates. Ma blouse, déboutonnée des trois premières pressions du haut, laissait  aussi apparaître un décolleté mis en valeur par un soutien-gorge pigeonnant.
L'immense seringue que je tenais pointée vers la rue en intriguait plus d'un, c'est pourquoi certains couples rentraient dans la boutique pour me voir de plus prés et sous d'autres angles, avant de repartir discrètement avec une tenue identique sous le bras.
À cela s'ajoutait l'effervescence liée à l'approche d'une grande fête qui devait se tenir le lendemain dans toute la ville et tout le pays. Un grand bal costumé devait avoir lieu dans une grande place voisine. C'est ce que j'avais compris des quelques discussions qui s'étaient tenues à mes côtés.

La boutique ne désemplit pas de la journée. Le sentiment d'être en permanence observée ne me quitta pas. Cela me laissa que peu de temps pour penser à ce que nous avait dit la vieille dame, les heures passaient et je ne savais toujours pas comment j'allais pouvoir aider René à trouver ce Palais des Mirages.
Dans l’après-midi, un enfant de cinq ans environ s'était amusé à mettre son doigt dans les petits trous que composaient les motifs de mes bas. De sa taille il arrivait juste à hauteur de mes mollets et le diamètre de son index s'ajustait parfaitement aux orifices. Non seulement ça commençait à me chatouiller, mais c'est qu'il risquait de mailler le bas. J'imaginais déjà la scène ou l'un des employés de la boutique aurait été chargé de le remplacer par un tout neuf… il fallait que ça cesse. René regarda l'enfant fixement et lorsque leurs regards se croisèrent il lui fit un clin d’œil. L'enfant eut un mouvement de recul immédiat, puis il courut dans les jambes de sa mère en criant :

  •  Maman ! Maman ! Le monsieur là-bas il a bougé !
  •  Mais non mon chéri, c'est un faux, c'est un mannequin, il peut pas bouger, tu l'as imaginé c'est tout. Lui répondit sa mère avec un ton compréhensif.

Elle le prit dans ses bras en lui expliquant qu'il ne fallait rien toucher, que ce qu'il y avait dans le magasin ce n'était pas des jouets, pas de son âge en tout cas. L'enfant regarda de nouveau René par-dessus l'épaule de sa mère, qui le suivait toujours discrètement du regard, il lui tira la langue avec insistance et se cacha vite le visage en se recroquevillant sur la poitrine de sa mère. Il y resta jusqu’au moment où ils sortirent.
Le rideau métallique finit par se refermer et la boutique redevint sombre et silencieuse. Nous descendîmes, René et moi, de la vitrine surélevée pour nous étirer et nous dégourdir les jambes. Je laissais la lourde seringue sur le rebord de l'estrade. Ma jauge de fatigue commençait à monter sérieusement.
Une sonnerie retentit alors, elle provenait d'un téléphone tout plat qui était resté près de la caisse, sur la banque de la boutique. Un des employés l'y avait oublié. Sur le large écran était écrit : « appel entrant -  maman ». Le signal sonore se tut au bout de quelques secondes.

  •  Ça me donne une idée, dit René, ça fait des lustres que je vois beaucoup de chalands utiliser cet ustensile à chaque fois qu'ils ont un problème ou qu'ils se posent une question.

Il le prit dans ses mains et ne tarda pas à l'allumer. Il poursuivit :

  •  Peut-être que si on le questionne sur le lieu où se trouve le Palais des Mirages nous répondra-t-il.

Il tapota frénétiquement sur l'écran sans trop comprendre ce qu'il faisait, mais moi je le trouvais vraiment très fort de se risquer à utiliser cette drôle de machine sans que personne lui ait appris à la faire marcher. Un écran l'invita finalement à faire une recherche à l'aide d'un clavier tactile.

  •  Je vais écrire « palais des mirages » et on verra bien.

Après quelques secondes, il s'écria :

  •  Il y a quelque chose, regardez ! On voit des images... là ! La famille sculptée dans le mur ! C'est exactement ce qu'elle nous a dit ! Il y a même l'adresse, je vous la dicte, retenez-la : « musée Grévin, 10 boulevard Montmartre », on a trouvé ! S'exclama-t-il !

Et il me prit dans ses bras, me souleva sans mal tout en me faisant tournoyer. Nous riions aux éclats.
Le rideau de la porte principale se mit en mouvement, quelqu'un venait. Nous nous cachâmes précipitamment à quatre pattes derrière un présentoir en verre qui contenait de nombreux accessoires de fête en tout genre. Un jeune homme entra un téléphone collé à l'oreille.

  •  ... Oui, maman, je sais, ça va ! Je le récupère et j'arrive de suite. Et je t'ai déjà dit de pas m’appeler sur le téléphone du boulot !

On entendait une voix de femme qui venait de son téléphone et dont on ne pouvait distinguer le sens de ce qu'elle disait, elle parlait pourtant fort et avait un débit très rapide à tel point que le jeune homme décollait le combiné de son oreille de plusieurs centimètres, en grimaçant, pour rendre l'écoute moins désagréable.

  •  ... Oui, d'accord, c'est ça. À tout de suite.

Il raccrocha alors qu'il se dirigeait vers la banque où il retrouva son téléphone encore éclairé. Il fixa l'écran un instant, interrogatif. Puis il l'éteint pour le remettre dans sa poche en même temps que l'autre appareil. Il passa derrière la banque et, sur l'une des étagères qui recouvraient le mur, il prit une boite du même déguisement que celui que je portais, il scrutât un instant l'emballage. Un demi-sourire semblait poindre sur son visage, mais je n'en étais pas certaine compte tenu de la faible lumière ambiante.
Alors qu'il s'apprêtait à sortir, un sachet opaque à la main dans lequel il avait glissé la boite, il aperçut les deux emplacements vides de la vitrine et la grosse seringue posée au sol. Il s’arrêta pour observer, prit la seringue dans sa main. Nous échangeâmes alors un regard inquiet avec René. Il se mit en position, prêt à bondir, une main sur le manche de son épée à moitié sortie de son fourreau. Le jeune homme regarda un instant la seringue, jeta un regard circulaire dans la boutique. Je retenais mon souffle de peur qu'il ne risque d'entendre ma respiration. Il s'approcha lentement et en silence du présentoir derrière lequel nous étions cachés. On pouvait voir son visage dans la pénombre à travers les vitres du meuble. Il resta immobile comme pour mieux écouter le moindre bruit. René resserra un peu plus ses doigts sur son épée et la fit sortir de quelques centimètres supplémentaires. Le vendeur ouvrit finalement son sac, y logea la seringue fit demi-tour et sortit du magasin. Nous restâmes sans bouger jusqu'à ce que le rideau électrique s’immobilisât en position fermée.

  • Partons rapidement avant que quelqu'un d'autre ne vienne. Ordonna René.

Il récupéra la clef dans le tiroir, manipula les chiffres sur la caisse enregistreuse qui s'ouvrit bruyamment et en retira quelques pièces et billets.

  • Ça pourra nous servir. Me dit-il un peu gêné et il se précipita vers la porte du fond.

Ce n'est qu'une fois dans la rue que je sentis à nouveau la fraîcheur de la nuit tombante, je regrettais de ne pas avoir pris le temps d'enfiler une autre tenue pour me sentir plus au chaud. J'imaginais aussi ce qu'allait susciter mon déguisement auprès des passants que nous allions croiser et que cela n'allait pas nous aider à passer inaperçus. 
  •  Faut que je m'alimente. Dis-je à René.
  •  Oui, vous avez raison, nous devons manger. Je connais un endroit où ils vous servent à manger comme vous êtes, sans vous poser de questions.

Quelques minutes après, nous entrâmes dans une sorte de cafétéria très lumineuse. De jeunes gens étaient attablés et discutaient bruyamment, ils mangeaient des morceaux de pains circulaires garnis d'une matière qu'ils semblaient trouver appétissante ; des pailles sortaient de récipients opaques en matière cartonnée. En aspirant pour faire monter le liquide qu'ils contenaient, cela produisait un bruit bien étrange qu'ils appréciaient aussi manifestement. Je restais derrière René. Nous patientions maintenant dans une file d'attente qui menait vers une jeune fille ; en même temps qu'elle écoutait les gens devant nous, elle tapotait sur une sorte de machine enregistreuse et dans l'instant d’après elle disposait des boites et des récipients divers sur un plateau, encaissait et passait au client suivant.
Je ne dis pas que quelques regards de la salle ne s'attardaient pas sur nous, mais une infirmière en bas ajourés et blouse courte prés du corps avec un chevalier médiéval ne choquait personne ; au contraire, il me semblait que l'on attirait plutôt la sympathie des gens qui nous souriaient et nous complimentaient pour nos déguisements.

  •  Vous savez ce que vous voulez ou je choisis pour vous ? Me demanda René.
  •  Euh... je veux juste un grand verre de ça ! 
J'avais observé qu'une sorte de robinet, derrière la banque de la cafétéria, remplissait des récipients lorsque les employés les mettaient dessous, le liquide était noir avec beaucoup de bulles comme celui que j'avais bu la veille.

  •  C'est tout ? Vous ne voulez rien d'autre, vous êtes sûre ?
  •  Oui, oui ! Avec ça je suis d'attaque pour vingt parcours au moins. 
Tout le reste m'inspirait peu confiance, contrairement à René qui nous installa dans une table un peu à l'écart avec un plateau débordant d'une grande quantité de boites, de gobelets et de patates coupées en forme d'allumettes.

  •  Je vous laisse seule un instant pour aller faire mes affaires, je reviens prestement. Me dit René en s'éloignant à grandes enjambées.

Je commençais immédiatement à siroter mon espèce de Nepenthe pendant que je le voyais disparaître derrière une porte au fond de la salle ; avec la paille je m'amusais aussi à faire l’espèce de sifflement qui résonnait un peu partout dans la cafétéria. En même temps que l'effet de la boisson se faisait à nouveau ressentir, je réalisais que je me retrouvais seule au milieu de nombreuses personnes inconnues, dans un endroit très bruyant. Un grand écran au milieu de la salle diffusait des images à une fréquence quasi stroboscopique, le son qui en sortait était strident et se mêlait au grincement des chaises sur le sol à chaque fois que quelqu'un en déplaçait une. Je me sentis aussi vulnérable qu'aux premières heures passées dans ce monde, avant que je rencontre mon chevalier salvateur. Plus le temps passait, plus ma peur se faisait précise. Je fixais régulièrement la porte d'où devait ressortir René en espérant qu'il apparaisse à chaque fois qu'elle s'ouvrait. Le regard ainsi tourné, obsédée par ces va-et-vient incessants, je ne pus m’apercevoir qu'un inconnu venait de s'asseoir juste en face de moi.

dimanche 26 juin 2011

Chroniques du Square 1.7

Si tu arrives ici pour la premiére fois, va plutôt lire d'abord le premier épisode ici:
http://baliejolicoeur.blogspot.com/2011/06/chroniques-du-square-11-la-genese.html


René réfléchit un instant, il avait bien une bonne dizaine de questions à lui poser qui lui permettraient de résoudre tous ses problèmes présents et à venir, de comprendre comment partir de l'enfer de ce monde... Où pourrait-il retrouver Line ? Comment reprendre sa vie d'avant auprès des siens, de ses amis ? Qu'est devenu le Royaume d'Yonsé depuis deux ans ? — sûrement sous le contrôle de la deuxième épouse du Roi — est-ce que Line pourra se défaire de son sort et revenir à la vie ? Et si cela arrivait se souviendrait-elle de lui après tout ce temps ? L'aimerait-elle encore?...
Mais il devait ne garder que trois questions et espérer que les réponses allaient mettre fin à deux années de malédiction.

  • Où est retenue prisonnière Line d'Yonsé, ma bien-aimée ?

La vieille dame fouilla dans une de ses poches et en retira une poignée de capsules de bouteilles, elle s'accroupit et les jeta devant elle. Elles s'éparpillèrent dans un tintement métallique qui se tut lorsqu'elles s’immobilisèrent. Elle les observa un bref instant comme pour y décrypter un message qui serait fonction de la face sur laquelle elles étaient, ou de la forme que l'ensemble dessinait, ou de tout autre paramètre qui nous échappait forcément.

  • Elle est retenue pour l'éternité, figée sans pouvoir bouger au Palais des Mirages.  L'entrée se trouve sous la paroi où figure la famille seigneuriale fossilisée dans la roche.

Elle reprit les capsules une à une en silence et, sans nous adresser le moindre regard, remit sa main en position pour les lancer à nouveau. La réponse nous laissa dubitatifs, mais il était évident que l'on ne pouvait espérer des précisions supplémentaires de la divinatrice sans que cela nous en coûte une question de plus.

  • Comment défaire le maléfice de la sorcière du lac perché ?

Sitôt la question posée qu'elle jeta à nouveau les capuchons en métal. Elle me prit alors le bras promptement, ce qui me fit sursauter et sans pour autant détourner son regard des capsules, elle répondit aussitôt :

  • Une pensée pure de la jouvencelle éveillera de ses doigts l'homme-enfant qui se tient prostré aux côtés de la Princesse. Sa complainte, ta bien-aimée entendra et à la vie reviendra.

Je ne pus m’empêcher, avant même de comprendre la réponse ni que la vieille dame eut fini de ramasser les bouts de métal, de l'interroger à mon tour :

  • Et comment ferons-nous pour rentrer chez nous avant la nuit sans lune ?

Je compris au regard furieux de René que je venais de lui confisquer la possibilité de poser une troisième question qui semblait lui tenir à cœur, le cliquetis des capsules qui annonçait la réponse à venir, attira de nouveau nos regards vers la vieille dame toujours accroupie.

  • Quand le feu du ciel se déchaînera, sous la grande montagne de fer le sort s’achèvera.

Elle ramassa les précieux jetons qu'elle remit attentivement dans la poche de sa blouse et se releva. Lorsqu'elle leva son regard et qu'elle nous vît à nouveau, à peine surprise, elle nous tendit la main nous demandant si l'on n'avait pas une pièce ou ticket restaurant. Comme elle l'avait effectivement prédit, elle ne se souvenait plus de nous ni de ce qu'elle nous avait dit.

  • Mais non!... S'il vous plaît, juste une petite précision : où se trouve ce palais ? Qui est cet homme à ses côtés ? La montagne de fer, où se trouve-t-elle ?

René cherchait les réponses au fond des yeux de la vieille dame qui ne comprenait pas un mot de ce qu'il disait. Devant tant d'insistance, elle s'effraya et s'éloigna. Elle avait de nouveau sa silhouette voûtée. Tout en trottinant, elle remit son fichu gris usé par l'âge sur sa tête et vérifia à plusieurs reprises que personne ne la suivait.
René soupira profondément en la regardant s'éloigner. Elle disparut dans l'angle d'une rue.

  • Nous voilà bien avancés. Me dit-il.
  • Vous y croyez à tout ce qu'elle a dit ?
  • Avant d'y croire ou pas, il faudrait pouvoir comprendre ce que tout cela signifie.

Là dessus nous reprîmes notre chemin en silence, l'esprit hanté par les mots de la vieille dame. La lueur du ciel se faisait plus intense maintenant et l'on commençait à sentir plus d'agitation dans la rue. La circulation des voitures s'intensifiait et les rares piétons que nous croisions jusqu'alors étaient plus nombreux et surtout marchaient d'un pas bien plus rapide.
Nous n'étions plus très loin de la boutique de location de costumes où nous arrivâmes bien avant l'heure d'ouverture. René avait, depuis le temps, trouvé un moyen pour rentrer par la porte arrière. Il avait récupéré un double de la clef dans le tiroir sous la caisse enregistreuse où il la remettait à chaque fois qu'il rentrait. L’arrière-boutique était essentiellement constituée de penderies remplies de costumes classés par époques, par thème puis par tailles, chaque ensemble était protégé d'un film plastique transparent qui faisait scintiller de mille reflets la faible lumière de l'ampoule électrique au plafond. René me proposa de choisir un déguisement à ma convenance avec lequel je pourrais prendre place dans la vitrine aux côtés des nombreux autres mannequins déjà costumés.
Je pris le temps d'en choisir un en fouillant dans le rayon des tenues féminines. Un attira plus particulièrement mon attention, il me plut immédiatement. Je l'enfilai rapidement en laissant dans un coin ma tenue du square. Il m’allait à ravir et je m'y sentis à l'aise d'emblée.

  • Excellent choix ! Apprécia René.
  • Vous trouvez aussi ? J'avais trop envie ! Je ne sais pas à quelle époque il correspond, mais on y est très bien dedans.
  • Bien, allons nous installer maintenant, le jour se lève et ils ne vont pas tarder à arriver. À la nuit tombée, nous partirons à la recherche du palais et de la montagne de fer.
  • Ça va être dur de ne pas bouger de toute la journée, mais je vais réfléchir à tout ce que nous a dit la vieille dame et je suis sure que l'on va trouver. 
C'est ainsi que je pris la pose à côté de mon chevalier médiéval, d'un gorille faisant mine de se taper les poings sur le thorax, d'une fée belle comme un rêve, d'un homme de Néandertal, d'un personnage dans une combinaison toute noire de la tête aux pieds avec une chauve-souris jaune dessinée sur la poitrine, et bien d'autres encore dont je ne savais pas non plus à quels peuples ils faisaient référence.
C'est avec tous ces compagnons que j'allais passer toute une journée sans me douter un tant soit peu à quel point mon déguisement pouvait, à lui seul, créer une drôle d'animation devant la vitrine. Ce n'était pourtant qu'une blouse blanche à pressions avec une croix rouge sur la poche de devant à hauteur de poitrine et une petite coiffe blanche sur un chignon que je venais rapidement de confectionner. Je trouvais que les bas blancs à motifs ajourés mettaient bien en valeur le ton halé de ma peau acquise lors de mes nombreux parcours sur Rufus et la blouse n'en paraissait ainsi que plus diaphane encore.


dimanche 19 juin 2011

Chroniques du Square 1.6

Si tu arrives ici pour la premiére fois, va plutôt lire d'abord le premier épisode ici:
http://baliejolicoeur.blogspot.com/2011/06/chroniques-du-square-11-la-genese.html



Je m'arrêtais à mon tour et n'osant pas le regarder dans les yeux je lui dis :

  • C'est que j'en ai aucune idée.

Je sentis son regard se détourner vers le sol.

  • Oui, cela aurait été trop simple, vous non plus vous ne pouvez pas savoir comment vous défaire de votre sort. Qui vous a envoyé ici et pourquoi ? Me demanda-t-il en cherchant à croiser mon regard.
  • Et bien, tout à l'heure il y eu un bug et...

Je m'interrompis réalisant que dans son monde il était impossible qu'il comprenne un tant soit peu celui d'où je venais : les jeux vidéos, l'informatique, le golf... je repris :

  • Disons que j'ai découvert un passage secret pour passer ici sans le vouloir, mais sans savoir comment faire pour revenir. Je viens d'un monde où j'ai plein d'amis, où l'on passe son temps à jouer à mettre des balles dans un trou et où il fait toujours beau, enfin... des fois ya beaucoup de vent et il pleut et il faut en tenir compte pour rectifier la trajectoire de la balle et frapper plus fort, sinon on reste court et loin du trou. Quand on fini en dessous du par on reçoit plein d'XP et plus d'argent, et comme ça, on monte en level et notre classement s’améliore...

    Je continuais ainsi pendant quelques minutes à détailler le quotidien de ma vie, lui parler de mon vieil ami Guiguiczo, et de mes plus récents tels que Shana, Elodyswing et mon complice Padgreg. Il m'écoutait silencieux pendant que nous déambulions lentement, parfois il décroisait ses bras pour se gratter le menton en fronçant les sourcils comme si ça l'aidait à mieux comprendre ce que je lui racontais. La longue rue était quasi déserte.

    • ...Et c'est là que je me suis réveillée.
    • Hum..., drôle de monde que le vôtre. Mais qui vous protège pendant que vous vous amusez ?
    • Ben personne, ya rien à craindre ! Oh, ya sûrement un gros pare-feu et un antivirus, et si on a un problème on demande à un SOM sur le square, mais tout le monde est sympa sinon...


    Nous marchâmes longtemps ainsi, il semblait savoir où il allait. Il m'expliqua que le jour allait bientôt se lever et qu'il devait retourner dans sa boutique. En effet, habillé comme il était il ne passait pas inaperçu la journée, les gens qu'il croisait se retournaient tout le temps, voire se moquait de lui et il lui était difficile de chercher discrètement la forteresse où pouvait être séquestrée sa bien-aimée. Il avait trouvé l'astuce de passer ses journées dans la vitrine d'une boutique de location de déguisements, cela lui permettait secondairement d'apprendre beaucoup de choses sur d'autres civilisations, époques et usages de ce monde en écoutant parler les clients. Il ne voulait point changer sa tenue, car il ne pouvait se passer de son épée, il pensait aussi que cela l’empêcherait de se détourner de sa quête de devoir libérer la Princesse sans perdre de temps. Quand des passants le croisaient la nuit ainsi vêtu ils s'imaginaient qu'il se rendait à une soirée costumée comme il y en a beaucoup dans cette ville. Il me proposa de le suivre dans sa boutique me disant qu'il y trouverait sûrement un déguisement à ma taille pour attendre avec lui la nuit prochaine.
    • Vous savez s'il y a des costumes de jockey ?
    Il n'eût pas le temps de comprendre le sens de ma question que nous fûmes interrompus par une vieille dame qui semblait sortir de terre. Elle sortait d'un sombre tunnel qui débouchait en surface par des marches, le trou était orné d'une rambarde en fer forgé et d'un portique où il était écrit « Métropolitain ».
    • S'il vous plaît, nous dit-elle, une petite pièce ou un ticket restaurant pour manger.
    Elle nous tendait sa main à la peau flétrie par les années et par une vie sûrement exposée au froid et au dur labeur. Ses habits étaient tout dépareillés et, par endroits, usés jusqu'à la corde.
    • On n’a rien, désolé.  Répondit mon preux chevalier sans même regarder la vieille dame et sans ralentir un tant soit peu son pas, comme s'il était blasé de se retrouver perpétuellement dans cette situation.
    Alors que l'on continuait à avancer, je suivais du regard la vieille dame aucunement surprise de cette réaction et lui dis :
    • C'est qu'on n'est pas de ce monde, on n'a pas d'argent d'ici.
    Elle leva alors les yeux et me fixa d'un regard qui me glaça ce qui me faisait office de sang. Son corps, jusqu'alors semi-voûté, se redressa et elle tendit ses deux mains, paumes vers le ciel, et proféra :
    • La prophétie s'est réalisée ! Vous êtes les passagers du temps ? Les règnes d'où vous venez ne devaient jamais se croiser, la colère des astres sera terrible si vous ne m'écoutez !
    René stoppa net son pas, se retourna intrigué et dévisagea la vieille dame qui poursuivit :
    • Mes aïeux et les aïeux de mes aïeux se sont transmis depuis la nuit des temps l'annonce de votre venue. Vous devez rejoindre vos univers avant la prochaine nuit sans lune, sans quoi le monde du chevalier sera à jamais privé des sens de l'honneur et de loyauté, et celui de la frêle jouvencelle de l'insouciance et de l'oisiveté ! Telle est la prophétie.
    Il écouta avec attention ce qu'elle venait de dire, voilà deux ans qu'il cherchait sans relâche un indice, une piste qui pourrait le mener vers Line, mais en vain. La conviction dans la voix de cette vieille dame ne faisait aucun doute dans son esprit : il devait considérer avec foi cet oracle.
    • Que devons-nous faire ? Lui demanda-t-il.
    • J'ai le pouvoir de vous répondre vérité à trois questions, après quoi je n'aurai plus aucun souvenir de vos existences et vous seuls serez fautifs de ce qu'il adviendra.

    La suite dans pas longtemps...
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    mercredi 15 juin 2011

    Chroniques du Square 1.5

    Si tu arrives ici pour la premiére fois, va plutôt lire d'abord le premier épisode ici:



    • Ôtez vos sales mains ! Répéta la voix.
    Il s’arrêta de me peloter, détourna sa tête et se figea un instant en regardant dans la direction d'où venait la voix. Je sentis la pression de ses bras s'atténuer.

    • Qu'est-ce que c'est qu'ce truc ! Se demanda-t-il à haute voix.
    Je tournai ma tête à mon tour pour découvrir qui venait de parler . Il m'était difficile de distinguer exactement ce qu'il en était dans la lumière de l'impasse. Je découvris la silhouette en contre jour d'un homme de taille moyenne qui se tenait droit comme un I à quelques mètres de nous sur le trottoir, un bras sur une hanche et l'autre tendu qui brandissait une imposante épée brillante de mille éclats malgré la faible lumière que diffusait le réverbère pourtant très distant.

    • Je vous somme de lâcher la jeune fille et de déguerpir illico, sans quoi je serais en demeure de vous y contraindre ! Filez avant que je ne vous dépouille !
    • Mais d'où il sort celui-là ? Se dit-il en me lâchant totalement maintenant pour mieux se consacrer à cet inconnu.
    Je profitais de cet instant de surprise et de confusion pour détaler en courant par où l'on était arrivés, tout en contournant par la chaussée l'individu qui menaçait toujours mon agresseur. Il tenta bien de me retenir, mais il fut interrompu par l'épée de ce qui semblait être un homme déguisé en chevalier moyenâgeux.

    • N'y songez même pas ! Dit-il en s'avançant pour que la pointe de son épée s’appose sur le thorax de sa proie.
    Je filais vers l'issue de l'impasse pour me cacher entre deux véhicules qui étaient en stationnement, hors de vue de mon oppresseur, mais assez proche pour observer ce qui était en train de se passer à travers les glaces. J'entendis mon ex-galant supposé, lui demander qui il était pour le menacer ainsi, qu'il n'appréciait pas cette plaisanterie qui devait cesser avant qu'il ne se fâche.

    • Je suis le chevalier René d’Angers et je vous demande expressément de quitter céans !
    • Ça suffit ces conneries maintenant ! C'est toi qui dégages ou je te fous ton sabre dans t...
    Il n'eut pas le temps de finir sa phrase que le preux chevalier, maniant son épée avec une rare dextérité, le laissa pour ainsi dire à moitié nu sur le trottoir avec ses habits en lambeaux à ses pieds. Sidéré, il tenta en vain d'articuler quelques mises en garde, mais seuls des grommellements purent sortir de sa bouche. Il ramassa tant bien que mal les restes de ses vêtements à même le sol, tapota sur le clavier numérique de l'imposante porte qui réagît d'un bruyant son mécanique. Il l'ouvrit et disparu à l'intérieur, non sans proférer quelques menaces qui se turent une fois la porte refermée.

    Le vaillant chevalier rangea l'épée dans son étui d'un geste rapide et sûr. Tourna sur ses talons pour faire un demi-tour et lança :
    • Vous pouvez sortir maintenant, le lieu est sans danger.
    Je me liquéfiais de terreur. Comment savait-il que j'étais encore là ? La rue était sombre et j'avais pris soin de ne pas faire le moindre bruit.
    Accroupie, je me recroquevillais le plus qu'il me soit possible en enfonçant ma tête dans les épaules, je voulus à nouveau disparaître. J'entendais son pas se rapprocher maintenant, j'espérais encore qu'il puisse passer tout droit à ma hauteur sans me voir. Il s’arrêta et j'entendis sa voix tout juste à mon côté.
    • Vous pouvez sortir, il n'est plus là.
    Je restais figée encore quelques instants avant de me résoudre à relever la tête pour découvrir son visage à demi éclairé. Vu d'en bas il paraissait bien plus grand maintenant, il portait des bottes cavalières en cuir, un bas de chausse en toile épaisse noire, une tunique sans manches vert amande qui arborait un blason rouge et bleu représentant une clef blanche et deux fleurs de lys dorées. Les manches de sa chemise grise recouvraient ses bras ; son cou et sa tête, quant à eux, étaient recouverts d'une sorte de cagoule en toile fine blanche qui laissait tout son visage apparent. Au dessus du front y ornait une platine métallique sur laquelle était scellée une pierre verte translucide.
    • Venez, vous n'avez rien à craindre de moi.
    Je me relevais timidement, ne sachant pas, encore une fois, quelle situation j'allais devoir affronter et à quelles habitudes de ce monde je ne m'étais pas conformée.
    • Mais..., qui vous êtes ? Me risquais-je à demander.
    • Je suis le chevalier René d'Angers, pour vous servir... Mademoiselle?...
    • Ah..., Balie, Balie Joli Cœur.
    • Charmante appellation. Puis il ajouta :
    • Venez, partons d'ici avant que d'autres manants viennent à la rescousse de votre offenseur.
    Nous nous éloignâmes de ce quartier sans que je ne sache trop où l'on allait. Le chevalier semblait bien connaître les us d'ici comme ceux pour traverser les rues en attendant que les petits bonhommes deviennent verts de l'autre côté au bout du chemin à bandes blanches dessinées au sol. 

    Il m'expliqua qu'il m'avait suivi depuis la grande place avec la grosse pierre pointue. Il m'observait de loin depuis, car il voulait savoir comment j'avais atterri là et ce que je faisais ici. Il me raconta son incroyable histoire qui l'avait menée, lui aussi, à se s'éveiller en pleine nuit au même endroit où j'étais apparue.

    Il venait d'un monde dans lequel il était un courageux chevalier au service de son seigneur. Lors d'une terrible attaque de la contrée ennemie voisine et alors que la défense du château était sur le point de céder, des assaillants avaient réussi à se hisser dans la tour principale où étaient logées la princesse et toute la famille royale. Voyant cela, il grimpa les marches intérieures quatre à quatre pour tenter de s'interposer à l'escorte qui menait l’assaut. Une fois seul face à eux, il usa de son adresse hors du commun à l'épée pour repousser un à un les belligérants, sauvant par là même la vie à la princesse et à toute sa famille. En gage de reconnaissance, le Roi lui offrit la main de sa fille aînée, convaincu qu'elle ne pourrait être ainsi mieux protégée qu'avec quiconque. Il ne put refuser tant la princesse était sublime. Elle était tellement belle que toute la contrée attendait la moindre de ses apparitions pour tenter de la voir, personne n'aurait manqué ça pour rien au monde.

    Mais la princesse avait été élevée par sa marâtre. Sa propre mère ayant perdue la vie à sa naissance, le Roi s'était remarié et avait donné vie à trois autres filles, elles aussi gâtées par la nature, mais pas autant que Line. Depuis toujours, la nouvelle épouse du Roi désirait plus que tout qu'une de ses trois filles devienne reine en lieu et place de l’aînée. Cela, nul n'en savait rien hormis la sorcière du lac perché qui, sous rétribution de la belle-mère, jeta un sort à la princesse et au chevalier pour les écarter à tout jamais du château.

    La sorcière envoya la princesse Line dans ce monde-ci pour qu'elle soit pétrifiée et enfermée jusqu'à la fin des temps dans une forteresse méconnue de tous. Le chevalier fut lui aussi expédié, car elle savait que personne ne pourrait survivre longtemps à l'enfer de « l'autre monde » sans y avoir été préparé et encore moins d'en revenir.

    Voilà comment une nuit, il y a déjà prés de deux ans, il s'était éveillé lui aussi au pied du grand obélisque. Depuis, il n'a cessé de chercher la forteresse méconnue pour y délivrer sa bien-aimée et la ramener auprès de siens. Il voulait, une fois qu'ils seraient rentrés chez eux, raconter toute cette histoire au Roi. Il ne manquerait pas alors de répudier son épouse, et son ainée pourrait ainsi reprendre le trône du royaume d'Yonsé.

    Quand il eut fini de me raconter tout ça, je pris la mesure de ce qu'avait vécu mon chevalier salvateur, et toute ma mésaventure me semblât bien ridicule maintenant à côté de ses incroyables péripéties.

    Il s’arrêta de marcher et me regarda pour me demander :
    • Maintenant que vous savez tout, me diriez-vous comment vous êtes parvenue sur la grande place et comment vous allez vous y prendre pour vous en retourner ?

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    lundi 13 juin 2011

    Chroniques du Square 1.4

    Si tu arrives ici pour la premiére fois, va plutôt lire d'abord le premier épisode ici:




    Je glissais un billet de 10 000 NG sur la barre, supposant que cela suffirait largement à couvrir le prix de la boisson ainsi que le pourboire du serveur. J'attendis de croiser son regard et d'un mouvement de tête coordonné à un bref regard sur le billet je lui fis comprendre sans mot dire mon intention de régler ma consommation. Le barman s'approcha alors en fronçant légèrement les sourcils tout en fixant le billet, son visage s'éclaira rapidement d'un large sourire et d'un bref éclat de rire.
      • Celle-là on me l'avait jamais fait encore — me dit-il — désolé, mais ici on ne prend que des billets du Monopoly.
    Je réalisais à nouveau la quantité d'usages que je méconnaissais de ce monde et me sentais encore une fois honteuse de ma naïveté. Pressée par la hâte de quitter cette cafétéria, je me retrouvais perdue dans un vertigineux sentiment de confusion.
      • Ah... euh... c'est que de là où je viens il n'y a que ça pour payer... comment je vais faire ? continuais-je à mi-voix.
    La moue interrogative du barman ne m'aidât guerre dans mon désarroi, je ne pus empêcher mes épaules de s'avachir et mon dos de se voûter comme si je pouvais ainsi disparaître en moi-même.
      • Laissez, je vais régler pour la demoiselle, mettez ça sur ma note.
    La voix venait de ma gauche, un homme se tenait deux tabourets plus loin, je ne l'avais pas spécialement remarqué en arrivant, mais je savais maintenant qu'il avait tout pu observer depuis la place qu'il occupait, même l'entrée singulière dont j'avais été l'héroïne.
      • Vous permettez ? Il prit son verre, se leva de son tabouret pour se rasseoir juste à côté de moi.
      • Merci beaucoup Monsieur, mais je sais pas comment je pourrai vous rembourser.
      • Ne vous en faites pas pour ça, j'ai tout de suite remarqué que vous n'étiez pas d'ici. C'est la première fois que vous venez ?
    Mon esprit s'apaisa immédiatement, je parlais enfin à quelqu'un qui savait qui j'étais, d'où je venais, qui avait déjà sûrement rencontré d'autres joueurs qui avaient traversé « l'espace » grâce au siège du local derrière chez Potter. Peut-être allait-il m'aider à revenir du bon côté ?
      • Oui, et je suis un peu perdue ici, j'aimerais retrouver le square et mes amis de la guilde. Vous en avez rencontré beaucoup d'autres de joueurs de golf ?
    J'imaginais que je ne devais pas être la seule à être passée de ce côté-ci et que cet homme allait me comprendre et me ramener dans mon box.
      • Des joueurs de golf ? Vous voyez, plus de la moitié des clients ici présents sont des joueurs de golf, et pour beaucoup d'entre eux je pourrais même vous donner leur handicap. Moi-même je tape quelques balles à mes heures perdues. Dit-il d'un ton jovial.
      • Ah oui, vous connaissez bien ici alors...
      • Oui plutôt, pour vous donner une idée c'est moi qui ai organisé la soirée de Nicolas le soir de son élection ici, c'est un peu ma seconde maison.
      • Nicolas ? Je connais pas ce joueur, il est maître d'une guilde ?
    Il éclata de rire comme si j'avais dit quelque chose d'hilarant et hoqueta :
      • Le président jouer au golf ! Ça serait une idée ça.
      • Nous aussi on a une maison guilde au fond du square, c'est la maison cheval, vous connaissez ?
    Nous discutâmes ainsi quelques minutes, je compris qu'il devait être sous maître d'une guilde, enfin, d'un « parti » plutôt comme ils les nomment de ce côté-ci et que son maître était quelqu'un de très important, car il faisait de « la politique ». Il voulut m'offrir un autre verre, mais je refusais, ma jauge allait rester longtemps à zéro avec ce que j'avais déjà bu, ça semblait bien plus efficace qu'un mopsos. Je lui demandai s'il savait comment retourner au square et s'il pouvait m'y accompagner.
      • J'habite justement dans un square dans le quartier, si vous voulez venir voir je pourrai vous montrer mes balles et mon club dernier cri par la même occasion.
      • Génial !
    Je voyais enfin un espoir de sortir de ce cauchemar et revenir rapidement à la maison.
    La sortie se fit sans problème. Nous marchâmes un certain temps, je ne sentais plus du tout la fraîcheur de la nuit . Nous traversâmes quelques rues et avenues. J'appris ainsi que l'on ne devait traverser que lorsqu'il n'y avait plus de véhicules qui passaient ou bien lorsqu'ils étaient arrêtés, dans ces situations les conducteurs ne baissaient plus leurs vitres pour me crier dessus comme les fois d'avant.
    Un peu plus loin, nous nous engageâmes dans une rue plus étroite que les autres. Il voulut savoir ce que je faisais la journée quand je ne jouais pas au golf,
      • ben, je vais un peu aux enchères et je fais les boutiques, comme tous les autres.
    Il rigola à nouveau. Surprise que cela ait pu l'amuser, je me mis moi-même à glousser afin de n'avoir pas l'air stupide de ne pas rire des mêmes choses. Nos éclats se faisaient ainsi écho l'un à l'autre jusqu'à ce que nous ne sachions plus pourquoi nous riions exactement.
    La rue était toujours sombre malgré l’éclairage public. Nous nous engageâmes dans une traverse plus étroite qui semblait ne pas avoir d'issue.
      • Nous y voilà. Dit-il.
    Cela ne ressemblait en rien à notre large square, propre et lumineux. Il s’arrêta sous l'arche d'une imposante porte en bois sculptée. Il se retourna alors lentement vers moi, s'avança en me faisant face. Sa proximité me fit naturellement reculer de deux pas jusqu'à ce que mon dos bute contre la paroi de l'imposant immeuble qui occupait tout le côté droit de l'impasse. Il s'avança encore jusqu'à ce que nos corps s'effleurent. C'est alors seulement que je compris ses intentions réelles et qu'il cherchait à ce que nos lèvres se touchent.
    En une fraction de seconde tout s’écroula de nouveau autour de moi, si confiante jusqu'alors sur l'issue prochaine de cette mésaventure, je me retrouvais à nouveau face à une situation délicate qu'il me fallait résoudre.
    Il avait déjà posé ses larges mains au niveau de mes épaules et ma réaction spontanée avait été de les y déloger avec mes petits bras frêles. Je tentais de résister, mais il augmenta la pression alors que sa bouche cherchait la mienne bien que je la détourne et que je crie mon opposition. Je me débattais maintenant de tout mon corps et mes cris avaient du mal à résonner dans la ruelle, étouffés qu'ils étaient par la bouche de cet homme dont je ne connaissais même pas son pseudo.
    J'étais terrorisée telle une minuscule souris dans un piège sans issue. Plus aucun mot intelligible ni aucun éclat ne pouvaient sortir de ma bouche. Le temps me paraissait sans fin et je ne voyais aucune solution pour contrer la puissance bestiale de ces bras qui enserraient maintenant tout mon corps.
      • Ôtez ces mains de là ! Ignoble gueux !
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    jeudi 9 juin 2011

    Chroniques du Square 1.3

    Si tu arrives ici pour la premiére fois, va plutôt lire d'abord le premier épisode ici:
    http://baliejolicoeur.blogspot.com/2011/06/chroniques-du-square-11-la-genese.html



    En remontant cette large avenue, j'essayais de m’imprégner de l'ambiance et des modes de vies des personnages que je croisais. Ma tenue légère semblait en intriguer plus d'un. Le froid humide de cette ville me glaçait les os. C'est en passant devant la vitrine d'une boutique de vêtements que me vint l'idée d’acheter des habits plus chauds, je ne savais pas encore combien de temps j'allais devoir rester de ce côté-ci du monde, ni, d’ailleurs, comment je devais m'y prendre pour repasser de l'autre côté. C'est que mon ange gardien revenait le lendemain de vacances et l'on allait devoir participer au tournoi guilde du soir. Imaginez sa tête en se rendant compte de mon absence une fois connecté au jeu ?

    Je m'approchais donc de la boutique espérant y voir une hôtesse semblable à Fricka pour acheter ce qui m'était nécessaire. Et là, bien sûr, personne ! Personne derrière la vitrine non plus pourtant éclairée avec plusieurs mannequins qui portaient tous des tenues vraiment terribles ! Si l'on pouvait en avoir des comme ça dans notre allée on serait autrement plus élégante. J'apposais ma main sur la vitre afin d'ouvrir la fenêtre d'achat, et rien. J'essayais à nouveau, à d'autres endroits aussi, sur la poignée de la porte, sur la plaque où était gravé « ZARA » — certainement le nom de l'hôtesse qui, peut-être, ne sortait que lorsqu'on l’appelait en pressant son nom — rien n'y faisait. Certains passants ralentissaient quand ils étaient à ma hauteur, curieux de savoir ce que j'étais en train de faire. L'un d'eux s'approcha et me lançât :

    • Ce magasin est fermé à cette heure-ci, faut repasser demain.
    • Ah bon ? Ils ferment les magasins ici ? Ils font une maintenance pour la mise à niveau ?
    • Euh..., ils doivent surtout être allés dormir.

    Puis il s'éloigna lentement, perplexe, se retournant deux ou trois fois, certainement surpris par mon attitude.

    Résignée, je continuais mon chemin avec un besoin urgent de trouver la cafétéria en espérant qu'elle aussi ne soit pas en maintenance ou qu'ils soient allés dormir... Ma jauge de fatigue était au plus haut et les effets s'en faisaient fortement ressentir.

    Beaucoup de boutiques étaient fermées et je dû remonter plusieurs rues et même m'aventurer à retraverser la Grande Allée — en souffrant encore d'insultes inédites pour certaines — pour enfin trouver un lieu qui corresponde un tant soit peu à notre cafétéria.

    L'entrée ressemblait un peu à celle de notre maison guilde, il fallait s'avancer dans un espace circulaire, après que des portes coulissantes se soient ouvertes, puis être aspiré dans le vortex qui vous faisait pénétrer à l'intérieur.

    En tout cas c'est ce que je croyais, car j'y suis restée un bon moment au milieu du rond à attendre de passer. Rien ne se produisant, je me risquais à taper du pied sur le sol une fois..., puis à plusieurs reprises, pensant ne pas avoir été détectée... toujours rien. Je sautais alors de tout mon corps sur le tapis qui devait servir de détecteur, pensais-je, encore rien. Je commençais à désespérer de trouver de quoi m'alimenter.
    J'étais exténuée.
    Des larmes de dépit et de colère roulaient déjà sur mes joues lorsqu’un couple pénétra dans le rond où je me trouvais. Ils devaient déjà m'observer de l'extérieur depuis un petit moment au vu de l'air à la fois inquiet et amusé qu'ils affichaient. D'un « pardon » poli, mais appuyé, ils me suggérèrent de m'écarter pour leur laisser la place, ils traversèrent le rond et à l'approche de l'autre paroi, la vitre coulissât et laissa apparaître l’intérieur de la cafétéria. Je restais un instant paralysée en constatant la simplicité de cette porte et en suivant des yeux le couple qui avait indéniablement l'habitude de ce lieu. La femme ne manqua pas de me jeter un dernier regard, me détaillant de bas en haut, en même temps qu'elle remettait son volumineux manteau au majordome qui accueillait les clients qu'elle ne regarda même pas.

    La porte se remit en mouvement pour se refermer ce qui me fît sursauter et émettre involontairement un petit cri de surprise, je me précipitais spontanément en avant pour passer avant sa fermeture complète ce qui la fit se rouvrir et moi de sursauter à nouveau, manquant de justesse de chuter à peine passée à l'intérieur. Le majordome eut un mouvement en ma direction comme pour anticiper ma chute et tenter de me rattraper. Il n'eut besoin que de faire barrage avec son corps sur lequel je pris appui pour me redresser. À la fois confuse et honteuse – des clients installés autour des premières tables dans de confortables canapés avaient tout vu depuis le début et gardaient, silencieux, leurs yeux braqués sur moi – je lâchais au majordome :

    • Faut que je boive quelque chose ! S'il vous plaît, dites-moi où c'est.
    • Mais certainement mademoiselle, suivez-moi. Me dit-il, essayant de garder un ton neutre malgré ce qui venait de se passer.

    Il me précéda pendant quelques mètres. Nous passâmes le salon où étaient disposés plusieurs espaces intimistes aménagés avec les mêmes tables et canapés qu'à l'entrée, pour enfin arriver au bar avec la sensation d'avoir été transpercée d'autant de flèches acérées qu'il y avait de regards sur moi.

    • C'est ici mademoiselle. Me dit-il, en réarrangeant le lourd et volumineux manteau sur son bras qu'il n'avait pas pris la peine de laisser au vestiaire, pressé que tout rentre dans l'ordre après la diversion qu'avait créée mon entrée auprès des clients de l'établissement.

    Je m'installais discrètement sur un des tabourets inoccupés qui faisaient face au bar. Très vite, le barman vint me demander ce que je souhaitais consommer.

    • Un flacon de Nepenthe, s'il vous plaît.

    La musique n'était pas très forte, mais elle suffît à rendre ma phrase inintelligible au garçon du bar.

    • Nepenthe ! Répétais-je plus fort cette fois-ci.
    • De la menthe ? Comment ? En sirop ? Du Get27?...
    • Non, un flacon..., euh... vous n'avez pas de Nepenthe ici ?
    • Connais pas. Me répondit-il.
    • Ah... j'aurai dû m'en douter, tant pis, servez-moi ce que vous avez de plus énergétique alors, je vous fais confiance.

    Il me servit, quelques instants plus tard, un grand verre d'une boisson toute noire pleine de petites bulles. J'en aspirais une grande gorgée à l'aide de la paille, cela suffit à remettre ma jauge de fatigue à zéro bien plus vite et bien plus fort, c'est sûr, qu'avec la camelote qui se vend dans notre cafétéria.

    Le verre terminé, j'étais comme refaite à neuf, ma vision redevint claire, ma pensée affûtée, mon corps preste et vif. Le froid n'était plus qu'un souvenir et je pouvais maintenant ressortir pour comprendre comment j'étais arrivée ici, mais surtout trouver comment en repartir.

    • Je paye et j'y vais. Pensais-je à mi-voix.

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    samedi 4 juin 2011

    Chroniques du Square 1.2

    Si tu arrives ici pour la premiére fois, va plutôt lire d'abord le premier épisode ici:
    http://baliejolicoeur.blogspot.com/2011/06/chroniques-du-square-11-la-genese.html

     
    Mon doigt s'enfonça lentement dans la cavité qui elle-même se creusait conformément j'appuyais. La sensation était aussi suave qu'une caresse sur un tissu de soie. Lorsque tout mon index fût introduit, l'orifice se resserra progressivement jusqu’à ce que je ne puisse même plus tenter de l'y déloger. D'ailleurs, je n'en avais pas forcément l'intention. La forte pression autour de mon doigt ne causait aucune douleur, en tout cas pas suffisamment pour rivaliser avec le bien-être total dans lequel je baignais. Je ne ressentais plus du tout le froid humide de la cellule livide, ni le vacarme des serveurs et de l'alarme entêtante. Même la lumière blafarde des néons semblait s'adoucir et une suave fragrance embaumait maintenant l’atmosphère. J'étais comme enfermée dans un écrin de pure extase.

    Cette sensation montait crescendo et mon corps tout entier se raidissait comme pour mieux se lover dans mon sofa fait sur mesure, puis se détendait, s’abandonnant un peu plus à chaque fois. Ces contractions répétées avaient pour effet de m'enfoncer comme si je reposais sur des sables mouvants. Le plaisir que j'éprouvais s'intensifiait en même temps que la fréquence des spasmes augmentait. Mon corps disparaissait ainsi inextricablement sans que je ne puisse rien y faire, mais surtout, sans que je n'ai rien envie d'y faire.

    Dans une ultime étreinte, mon être disparu totalement comme avalé sous la surface de ce qui était encore, il y a peu, une assise, me propulsant ainsi dans une tempête de jouissance démesurément indécente.

    Je ne saurais dire combien de temps il me fallut avant de rouvrir les yeux et de recouvrer la sensation banale de mon corps. L'impression sensuelle d'être entièrement enveloppée dans une douce chaleur laissait place maintenant à une sensation glaciale de reposer allongée sur une dalle de granit.

    • Mademoiselle, levez-vous je vous dis, vous pouvez pas rester là !
    Je sentis enfin la main ferme sur mon épaule qui me balançait d'avant en arrière pour tenter de me réveiller. Le son de cette voix grave et déterminée résonnait plus clairement maintenant, mais je ne comprenais pas ce qu'il se passait.
    • Ah, ça y est, elle se réveille ; aller, levez-vous et dites-moi si ça va ?
    En me redressant pour m'asseoir, encore somnolente, j'eus en fait l'impression que le monde se renversât. Deux hommes en uniforme se tenaient devant moi, des policiers en tenue qui arpentaient les rues de la ville pour le maintien de l'ordre. Le fait que je sois allongée dans le noir à même le sol semblait ne pas correspondre à leur idée de l'ordre.

    Comme tout policier qui se respecte, ils m’interrogèrent :
    • Qu'est-ce que vous faites là endormie ? Vous avez bu ? Pris des cachets ? Demanda l'un.
    Avant que je ne puisse répondre quoi que ce soit, l'autre enchaîna :
    • Vous êtes venue seule au pied de l'Obélisque ? Vous étiez à une fête dans le coin habillée comme ça ?
    En me concentrant sur ce que venait de dire le plus jeune des deux, je pris le temps de découvrir l'endroit où j'étais. Le centre de l'immense place était occupé par un vaste terre-plein rectangulaire autour duquel circulaient quelques véhicules aux phares allumés. Mon dos était appuyé contre une imposante grille qui avait sûrement la fonction de dissuader les curieux de s'approcher de ce que je comprenais être l’Obélisque qu'ils venaient d'évoquer. Une monumentale colonne en forme de parallélépipède, plus étroit au sommet et se terminant en pointe, dominait toute la place, et moi j'étais assise par terre avec ma petite jupe courte à rayures blanches et roses et mon top blanc sans manches préféré.
    • Ben..., je suis pas au Square là ? Où je suis ? Demandais-je en frissonnant.
    • Vous savez pas où vous êtes ? Demanda le plus gros... mais vous habitez où ? ... Vous êtes sur la place de la Concorde, là !
    Je me relevais d'un bond et compris, sans pouvoir vraiment le réaliser, qu'il s'était passé quelque chose d’anormalement étrange. J'étais passée de l'autre côté du monde, dans le monde du dehors, celui que je devine parfois à travers l'écran de mon ange gardien lorsqu'on est en symbiose. Je reconnais maintenant certains de ces bruits insolites, ce ciel bien souvent sombre à travers la fenêtre de son salon.
    • Vous devriez rester tranquille, on va appeler les secours pour voir si tout va bien et ensuite vous pourrez rentrer chez vous. Dit le jeune qui semblait m'avoir prise un peu en sympathie.
    • Non, ça va bien, je vais rentrer chez moi, faut juste que je retrouve le Square. Dis-je sans réaliser la stupidité de ce que je venais de déclarer.
    Puis je partis en courant, laissant sans réactions les deux agents qui essayèrent pour la forme, de me dissuader de partir comme ça, mais bien soulagés en fait de n'avoir pas à déclencher toutes ces démarches lourdes en rapports à rédiger, et puis après tout, tout était rentré dans l'ordre sur la place.
    Je traversais la chaussée en direction de la plus grande des avenues qui débouchait sur cette place. La faible circulation à cette heure avancée de la nuit, me permis d'arriver au trottoir d'en face sans trop de crissement de pneus des voitures qui faisait moins bien attention aux piétons que sur notre allée centrale, et les conducteurs étaient bien moins polis que les plus grossiers des joueurs que j'ai côtoyés. Leur vitesse était, somme toute, exagérément élevée.
    Une fois hors de la vue de mes deux bienfaiteurs je me mis en mode marche, j'avais bien compris, aux regards et réactions des rares badauds qui arpentaient l'avenue, qu'ici les jeunes filles ne courent pas, ça ne semble ni bien vu ni être la coutume. Dommage, car cela avait l'avantage de me réchauffer un peu : la nuit en cette saison ne semblait pas non plus adaptée à des tenues d'été qui faisaient pourtant un bel effet sur nos parcours. Frigorifiée, ma jauge de fatigue au taquet, il fallait avant toute chose que je trouve une cafétéria où je pourrais un peu m'alimenter et me réchauffer.
    Et chaud, ça n'allait pas manquer de l'être !


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    mercredi 1 juin 2011

    Chroniques du Square 1.1 La génèse

    Ne répétez à personne ce que je vais vous raconter.

    Surtout pas à mon ange gardien qui ne se doute de rien. C'est qu'il me laisse souvent toute seule dans mon box de la guilde des Canassons ces temps-ci – confortable, c'est sûr, mais d'une lassitude... toujours en vacances et peu de temps pour s'occuper de sa progéniture !

    L'autre jour, donc, à l'occasion d'un crash du serveur, alors que tout le monde était immobile dans le noir, j'en profitai pour me dégourdir les jambes dans le square tellement je m'ennuyais. J’aperçus alors une faible lumière rémanente dans un recoin ; indétectable quand tout fonctionne normalement et à peine perceptible durant le bug. Située juste derrière Potter — le gardien des casiers — je m'en approchai, la lumière émanait d'un pourtour de porte légèrement entrouverte. Potter, déjà peu actif en temps normal, était pour le coup comme endormi, il ne se rendit compte de rien quand je me faufilai dans son dos. Victime de ma curiosité, je n'ai pu m'empêcher d'aller voir ce qu'il y avait de l'autre côté de la porte.

    Vous ne pourriez pas soupçonner un seul instant ce que j'y ai vu.

    Imaginez un local dix fois plus grand que notre maison guilde avec d'immenses rayonnages organisés en une multitude de rangées, contenant chacune des dizaines d'appareils semblables à des serveurs informatiques. Chaque boîtier affichait de nombreux voyants qui clignotaient frénétiquement en passant du jaune au vert puis au rouge, et ce de manière aléatoire. L'ensemble était bien plus fabuleux que la plus belle des avenues décorées pour Noël.

    Au fond de cette immense pièce, dans le prolongement de l'allée centrale, trônait un gigantesque écran de contrôle qui affichait :

    « ERREUR FATALE – CRASH SYSTÈME »
    et dans une fenêtre légèrement en dessous :

    « RÉINITIALISATION EN COURS ».

    La salle était déserte et une alarme stridente couvrait aisément le bourdonnement des ventilations des serveurs pourtant déjà assourdissants à eux seuls. Dans un angle, face à ce qui semblait être un poste de contrôle – composé de divers écrans informatiques, curseurs et boutons en tout genre – se trouvait une grande baie vitrée laissant voir au travers une pièce toute blanche complètement vide, à l'exception d'une sorte de siège aux allures futuristes. Les courbes douces aux formes ergonomiques étudiées pour s'adapter parfaitement à la forme d'un corps semi-allongé, la faible épaisseur de l'alliage dans lequel il était fait, me surprirent bien moins que le fait qu'il soit comme suspendu dans les airs. Rien ne le reliait au sol ni au plafond.

    Comme je m'approchai, la baie s'ouvrit toute seule. Regardant à nouveau autour de moi et ne voyant toujours personne, je me risquais à lancer un :« y'a quelqu'un ? ». J'en conclus après quelques secondes sans aucune réponse, que le détecteur de mouvements était relié au système d'ouverture de la cloison vitré, sans aucune connexion à une alarme ou poste de garde.

    Habituellement intriguée pour bien moins que ça, mais tout de même hésitante, je m'installai prudemment sur cet accueillant fauteuil. Me voilà flottante comme sur un coussin d'air, à la fois inquiète mais très excitée. Je m'autorisai à me détendre un instant et m'allongeai complètement comme sur une chaise longue au soleil. Je sentis alors le siège réagir en adaptant la moindre de ses courbes et de ses reliefs à l'empreinte de mon corps. Peu de fois j'ai eu le plaisir de ressentir une sensation si douce et relaxante. Je m'abandonnais quelques instants à ce plaisir rare : la sensation que toutes les parties de mon corps étaient portées par le plus aérien des matelas qui puisse être. Ma tête reposait parfaitement tout comme mes cervicales, mon dos et mes jambes. Mes bras étaient soutenus par des accoudoirs dans lesquels ils s'enveloppaient comme dans un moule fait sur mesure. Mon index de la main droite devina alors un orifice, inexistant quelques instants auparavant, et exactement à sa portée.

    Rien ne me laissait présager de ce qui pouvait se produire lorsque j’eus introduit mon doigt dans cet accueillant orifice...