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ou à l'épisode #1 de la saison 2...
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René
me retourna un regard incrédule, toute l’assistance se figea et le Roi lui-même
s’immobilisa. Il me fixa un instant, un sourcil relevé trahissait sa surprise.
Nos regards se croisèrent et tous ses traits du visage, sa corpulence, sa façon
de se tenir debout venaient conforter mon sentiment d’être bien face à notre
Henri, sous-maître de la guilde des canassons.
Un
bruyant éclat de rire vint rompre ce silence pesant :
- Ha,
ha, ha ! « mon petit poussin » a-t-elle dit ! je reconnais
bien là celle que tu m’as décrite, dit-il en se tournant vers René.
Toute
l’assistance se mit à rire également, d’abord timidement puis de plus en plus
fort en écho avec l’hilarité du Roi. Moi-même je ne pus retenir quelques
spasmes de confusion, me rendant à l’évidence que le seigneur d’Yonsé n’était
qu’un troublant sosie d’Henridk.
- Mais
qu’est-ce qui t’as donc pris d’interpeller ainsi notre Roi ? s’indigna à
demi-voix René, profitant du brouhaha de l’assemblée.
Je
répondis d’une mimique désolée en espérant qu’il comprenne que je ne voulais
point heurter quiconque.
- C’est
qu’il ressemble comme deux gouttes d’eau à mon ami Riri ! je croyais que
c’était lui.
D’un
geste de la main, le Roi imposa le silence. Un serviteur, qui se tenait en
second plan, s’avança alors et claqua deux fois dans ses mains. La cour qui
nous avait escortés jusque-là s’en retourna en quelques instants vers la même
porte par laquelle nous étions rentrés. Le Roi nous convia, René et moi, à nous
asseoir sur un banc en granit massif à la droite du siège royal. Il s’installa de
nouveau sur son trône et quand les lourdes portes résonnèrent puissamment à
leur fermeture, nous n’étions plus que nous trois dans cette vaste et
majestueuse salle. Le discret serviteur avait repris sa place, immobile dans le
recoin sombre d’un pilier.
Avant
que le silence complet ne revienne, René eut le temps de me suggérer de ne
prendre la parole que lorsque le Roi m’y invitera.
- Honorable
Balie, avant toute chose je dois vous faire part de ma reconnaissance envers
vous pour avoir rendu possible le retour de ma fille Line et de mon plus
valeureux chevalier que je n’ai jamais eu, dit le Roi en se tournant vers René
visiblement gêné de ce compliment.
Puis
il poursuivit :
- Il
m’a été très pénible d’imaginer l’enfer qu’ils ont vécu dans cet autre monde
sans loi ni honneur. Moi-même j’ai longtemps souffert de ma naïveté de n’avoir
point vu quels étaient les desseins tortueux de mon ex-épouse et de sa fille
que j’ai toutes deux répudiée. Le retour de Line et René dans le royaume a de nouveau
illuminé ma vie et celle de mes sujets. Chacun vit et travaille avec
enthousiasme pour que notre communauté se développe et s’épanouisse par-delà
les montagnes et les vallées qui nous entourent. Tous ont su comment une
courageuse jeune femme est venue en aide à la princesse pour qu’elle retrouve
sa liberté et sa dignité. Je vous dois ce que j’ai de plus cher : la vie
de ma fille.
Un
bruyant claquement de porte vint rompre le silence solennel qui suivit cette
dernière phrase. Un autre serviteur s’avança vers le Roi et lui chuchota
quelques mots inaudibles à son oreille.
- Déjà ?
s’exclama le Roi agréablement surpris, euh…bien, venez avec moi vous deux, nous
allons faire quelque chose qui me tient à cœur.
D’un
pas rapide, nous suivîmes le Roi et son serviteur. Nous passâmes par des portes
dérobées, suivîmes des couloirs étroits sur de longues distances, descendîmes
des escaliers escarpés pour finalement aboutir dans la cour fortifiée où nous
attendait le carrosse royal attelé à quatre magnifiques pur-sang. À peine assis,
l’attelage s’ébranla, passa le pont-levis et traversa le village à une vitesse à
peine imaginable dans de telles ruelles étroites. Quelques instants plus tard,
nous arrivâmes en périphérie du village où attendait un public dense venu,
selon toute vraisemblance, à une sorte d’inauguration d’un équipement destiné à
la population.
- C’est
fabuleux ! s’exclama le Roi à peine descendu de son carrosse, encore mieux
que sur les plans !
En
descendant à mon tour je découvris une grande plate-bande d’herbe rase semblable
à de la pelouse. Des gradins étaient disposés de part et d’autre. Ils pouvaient
accueillir quelques milliers de spectateurs. Le terrain était délimité à ses
deux extrémités par deux longs poteaux verticaux reliés entre eux par une barre
horizontale.
- Oh !
mais c’est un terrain de rugby, m’exclamais-je en découvrant l’installation.
- Un
stade de Soule d’Yonsé ! rectifia le Roi, c’est moi qui ai adapté les
règles de la traditionnelle Soule pour la rendre plus spectaculaire et jouable
par tous mes sujets. J’ai aussi instauré un jour sans travail pour que chacun
puisse s’entrainer et participer au championnat du royaume.
« Et
en plus il est amateur de rugby comme Riri », pensai-je ; cela fait
beaucoup de coïncidences…
Le
Roi monta sur la tribune d’honneur où il nous convia René et moi. Il fit un
discours passionné sur les valeurs de la pratique de cette discipline, sur la solidarité,
l’honneur, les vertus de l’effort et de l’esprit d’équipe qui devaient être,
selon lui, les mêmes valeurs qu’il voulait voir appliquer dans son royaume
entre tous ses sujets, tous les jours de l’année. Il ajouta qu’adopter tous ces
principes restait une chose fragile face à la menace à laquelle ils devaient
faire face aujourd’hui. Puis il conclut en évoquant ma présence :
- Depuis
ce matin mademoiselle Balie est parmi nous, vous savez tous ce que nous lui
devons et je vous demande de faire honneur à sa présence. Elle représente
aujourd’hui notre ultime espoir pour contrer les diaboliques stratégies de qui
vous savez. C’est pourquoi ce stade portera son nom pour que chacun se
souvienne de ce qu’elle a fait et va faire pour notre royaume. Longue vie à
Balie !
- Vive
Balie ! scanda à mainte reprise le public en criant et sifflant.
L’émotion
me monta à la gorge, mon duvet se hérissa sur ma peau et m’attendant si peu à
tout ça, je ne pus que faire un timide geste de salutation au public qui était
venu à la cérémonie. La matinée s’acheva par un banquet opulent pour les
convives, moi, je me suffis d’un des flacons de Nepenthe que j’avais emmené
dans mon sac. Quand l’effervescence retomba un peu plus tard dans l’après-midi,
j’interrogeai René :
- Et
comment je vais pouvoir t’aider ici ? Je connais rien à ce monde !
- Je
n’en sais pas plus que toi. Seul le mage du Roi te dira ce que tu devras faire.
Nous irons le voir à la nuit tombée.
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