Si tu arrives ici pour la premiére fois, va plutôt lire d'abord le premier épisode ici:
L’anxiété de ne pas voir revenir René et la surprise de découvrir un jeune homme d'une vingtaine d'années en face de moi me fit sursauter tout en lâchant un cri bref, mais qui inquiéta une bonne moitié des clients de la cafétéria. Mon visiteur profita de quelques éclaboussures de la boisson que j'avais en bouche quand il me surprit. Il cligna des yeux tout en gardant son sourire.
- Je t'ai fait peur ? Excuse-moi. Dit-il en prenant une serviette en papier sur le plateau pour s'essuyer grossièrement le visage.
- Tu vas manger tout ça toute seule ? Poursuivit-il en désignant du menton le plateau tout en me faisant un clin d’œil, comme s'il avait voulu créer une sorte de complicité entre nous.
Je suis peu sensible en fait à ce genre de familiarités surtout avec des personnes avec lesquelles je n'ai même pas tapé quelques balles. Encore sidérée par l'effet de surprise, je pris aussi une serviette pour m'essuyer la bouche ainsi que la portion de table devant moi.
- Voilà, avec mes potes qui sont là-bas, j'ai fait un pari, je leur ai dit que tu accepterais de me soigner parce que j'suis très malade et qu'il me faut une piqûre d'urgence. J'ai besoin d'une injection dans les fesses sans quoi je vais tomber dans les pommes et là, faudra que tu me fasses le bouche-à-bouche. Il éclatât de rire et poursuivit : si tu me soignes bien tu pourras aussi venir soigner mes potes à notre table et après on pourra aller...
Sa phrase fut interrompue par la sensation d'une épée sur son épaule, il se retourna et vit René qui arrivait au bon moment encore une fois.
- Ah, c'est ton camarade ? Il peut venir aussi s’il veut, avec une belle épée comme ça...
- Suffit ! S'exclama René qui lui faisait face maintenant.
D'un mouvement sec de l'épée, il coupa la mèche de cheveux du jeune homme qui semblait de toute manière l'indisposer puisqu'elle retombait systématiquement sur ses yeux malgré le fait qu'il tentait sans cesse de la faire tenir en la faisant remonter par un mouvement de rotation de la tête.
- Vous indisposez la demoiselle, et si vous persistez c'est moi qui vais vous piquer l’arrière-train de ma lame.
- Mais qu'est-ce qu'il lui prend à lui ? Il m'a coupé les cheveux ! Mais faut te faire soigner, t'es un vrai danger public ! Répondit le jeune homme incrédule en récupérant les cheveux maintenant éparpillés sur la table.
- Je suis René d'Angers sans conteste. Précisa-t-il en pointant son épée au niveau de l'entrejambe du jeune homme. Et si vous ne quittez pas cette table d'emblée, vous aurez assurément plus à souffrir.
- Attendez, j'ai une idée René, il va peut-être pouvoir nous aider. Dis-je, en pensant que notre intrus connaîtrait sûrement le Palais des Mirages et nous indiquerait comment s'y rendre.
Il connaissait bien la ville, en effet, mais il n'avait jamais entendu parler de ce palais. Il nous suppliait de le croire, car qu'il n'avait aucune raison de nous mentir et maintenant il demandait même poliment à René de bien vouloir retirer son arme. Ses amis — qui ne pouvaient entendre ce qui se disait du fait du bruit ambiant et de la distance, et encore moins comprendre ce qui se passait — étaient hilares, ils étaient loin de penser que l'épée du chevalier était bien réelle et que nulle autre n'avait un semblable tranchant.
- Vous connaissez pas « musée Grévin, 10 boulevard Montmartre » alors ? Récitais-je de mémoire l'adresse apprise par cœur un peu plus tôt.
- Le musée de cire ? C'est ça que vous cherchez ? Mais si, ça je connais !
Le jeune homme sentit enfin une issue favorable à sa mésaventure.
- Faut descendre métro Grands Boulevards et c'est juste à côté. Mais c'est fermé à cette heure-ci. Je peux partir maintenant ? Hein ? Dit-il en retirant délicatement l'épée du bout des doigts et en se levant lentement.
René le laissa faire, il le fixait avec force du regard pendant qu'il se dégageait.
- Quittez ces lieux promptement avec vos « potes » avant qu'il ne m'en plaise d'en faire autrement. Rajouta René alors que le jeune homme s'éloignait à toute hâte.
À peine assis, mon vaillant chevalier n'eut besoin que de quelques instants pour absorber un à un le contenu des boites du plateau, ponctués de quelques stridulations bien appuyées lorsqu'il aspirait les liquides aux couleurs étranges. Une fois dans la rue, excessivement illuminée de guirlandes multicolores, René me prévint :
- Nous allons devoir prendre le ver sous terrain métallique, je l'ai déjà utilisé à quelques reprises, c'est très risqué, surtout ne vous éloignez pas de moi sous aucun prétexte !
- Je vous lâche pas d'une semelle. Lui assurais-je.
Nous entrâmes donc dans un de ces trous que l'on croisait un peu partout et d'où était sortie la vieille dame. J'étais à la fois excitée par la curiosité de savoir ce qui pouvait bien se cacher là dedans, mais tout aussi inquiète de la mise en garde de mon valeureux chevalier.
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