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Mes p'tites souris, mes p’tits lapins,

Je m'appelle Balie. Je suis apparue le 19 aout 2009 dans les entrailles de la Matrice de SHOT ONLINE et de la volonté de mon Ange Gardien, avec pour unique but: prendre du plaisir à jouer au golf avec des partenaires multiples.
Ce joli blog ne se veut qu'un reflet des bons et mauvais moments passés dans le Joli monde de SHOT ONLINE (S.O : SOland), une fenêtre ouverte, aussi, sur les rencontres parfois ennuyeuses, souvent jubilatoires avec les autres jolis êtres issus également du ventre de S.O.
Les premières heures passées avec les Essoliens et Essolliennes (habitants de SOland) ont mis en évidence des similitudes avec votre monde du dehors... Ce joli monde, propre, bien rangé, où tout est beau et harmonieux n'en cache pas moins, derrière ses apparences, des injustices, des inégalités, des travers qui se doivent d'être dénoncés!
Les dénoncer non seulement pour tenter de les combattre de ce coté-ci de l'écran, mais aussi parce qu'obtenir des avancées sur la condition des filles, sur la préservation de l'environnement, le pouvoir d'achat et les conditions de travail à SOland (pour ne citer que ceux-là) aura forcément un impact sur ces mêmes sujets dans votre grand monde du dehors!
Puis, raconter les belles rencontres que je fais chaque jour autour du square, dans le sable ou au bord du green rendra peut être certains d'entre vous finalement un peu plus optimiste sur la nature Essolienne comme sur la nature Humaine. C'est le moins que je puisse souhaiter à mes p'tites souris et mes p'tits lapins...
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jeudi 14 juillet 2011

Chroniques du Square 1.13 et fin.

Si tu arrives ici pour la premiére fois, va plutôt lire d'abord le premier épisode ici:



Ils dormirent de longues heures sur des paillasses confectionnées avec les plus volumineux des déguisements de l'arrière-boutique. J'ai du mal à comprendre l’utilité de rester tout ce temps immobile sans rien faire, d'autant plus que Line et Monsieur Jackson venaient de passer deux années ainsi !

Pour se reposer de la fatigue, m'a-t-on dit. Mais il suffirait alors de s’asseoir quelques minutes sur un banc ou boire une de ces boissons noires à bulles... nos mondes sont vraiment différents !

Je veillai ainsi toute la nuit et une partie du matin, assise au bord de l'estrade de la vitrine en pensant à tout ce qu'il s'était passé.

René dormait paisiblement avec Line à ses côtés qui afficha un sourire durant tout son sommeil. Monsieur Jackson quant à lui, avait une nuit bien agitée, remuant et se retournant sans cesse en grommelant parfois des mots incompréhensibles, ponctués de petits cris qui laissaient deviner de terribles cauchemars. Il avait pris soin, avant de s'endormir, de lire quelques pages d'un album illustré qu'il avait trouvé dans le rayon librairie enfantine de la boutique. Il avait gardé le livre agrippé dans ses mains pendant tout son sommeil sans jamais le lâcher.

Quand tout le monde fut réveillé, René voulut que l'on parle de la soirée à venir et surtout de Monsieur Jackson.

Que devait-il faire puisqu'il ne se souvenait de rien ? Rester avec nous sous la tour pour se défaire d'un sort ? Mais au risque de se retrouver soit au royaume d'Yonsé ou soit au square avec moi ? Ou encore rester tout seul avec très peu de chances de survivre, compte tenu de ce qu'il nous avait laissé voir de ses faibles capacités à se conformer à ce monde.

Pendant que nous parlions de lui, il restait à l'écart comme si ça ne le concernait pas. Il lisait son livre assis dans son coin. René se fâcha presque en lui disant qu'il pourrait au moins s'intéresser à la discussion. Vraisemblablement gêné par le bruit, il se leva et partit dans l'arrière-boutique son livre sous le bras.
  • Ça montre bien ce que je disais : il tiendra pas deux jours tout seul ici, il est pire qu'un enfant. Dis-je alors.
  • Mais si l'on savait pourquoi il est ici on pourrait au moins décider s'il doit venir avec nous ce soir ou pas ! Rajouta Line.
  • Hum!...Je crois que l'esprit de cet homme est très perturbé, mais si la vieille dame nous a dit qu'il fallait l'éveiller, c'est qu'il doit sûrement se défaire d'un sort lui aussi, déclara René. Il faut qu'il vienne sous la tour de métal et l'on verra bien ce qu'il se passera. S'il reste avec Line et moi, je m'engage à ce que les habitants du Royaume d'Yonsé ne lui fassent aucun mal et qu'ils l’accueillent comme un des leurs.
  • Oui, et s'il se retrouve sur le square je ferai tout pour qu'il soit accepté dans ma guilde, ils sont tous cool, ça se passera bien. Et quand on voit comment sont certains de nos membres, il ne dénotera pas du tout. Faudra juste lui apprendre à pas crier tout le temps et à moins gesticuler sur les parcours pour pas déconcentrer les autres joueurs... quoique, pendant les tournois ça pourra peut être servir...

Je finissais juste ma phrase lorsque Monsieur Jackson revint de l'arrière-boutique avec un déguisement qu'il venait d'enfiler. Il portait une sorte de bonnet pointu en feutrine vert pomme avec une plume fixée sur le côté, une tunique de couleur verte aussi, dont le bas était découpé en dents de scie, qui lui tombait à mi-cuisse, un collant opaque dans les mêmes tons recouvrait ses jambes et pour finir il portait des chaussons en cuir aux pieds.

  • C'est moi ! J'ai trouvé qui je suis, c'est moi dans le livre ! Dit-il avec toujours cet accent si particulier.

Il montrait, en même temps qu'il parlait, la couverture de son recueil. Un dessin y représentait un personnage identique à son déguisement.

  • C'est moi ! Je suis Peter Pan ! 

Nous nous regardâmes ébahis René, Line et moi, ne sachant pas s'il fallait accorder du crédit à ce qu'il venait de révéler ou si c'était une nouvelle lubie de son esprit déséquilibré.

  • Je me souviens de tout maintenant que j'ai relu l'histoire du livre ! Je vais vous raconter...

Il nous raconta le soir où il persuada Wendy de le suivre au pays imaginaire avec ses frères. Là-bas, elle devint la maman de tous les garçons perdus qui étaient tombés de leur landau, ils s'étaient fixé la règle de ne jamais grandir ! Ils vécurent tous des aventures extraordinaires avec les Peaux-Rouges, Lily la Tigresse et aussi les pirates et leur chef « Capitaine Crochet ». Il portait un crochet en guise de main, car il lui avait coupé et jeté au crocodile-horloge, depuis, il n'avait de cesse de vouloir le capturer pour le tuer.

Les pirates enlevèrent donc la princesse Tiger Lily pour qu'il soit attiré dans un piège en voulant la délivrer. Il réussit malgré tout à la libérer, mais la fée clochette le trahi, car elle était jalouse de Wendy : elle dit au capitaine Crochet où il s'était caché. Il vint alors, durant son sommeil, empoisonner une potion que lui avait préparée Wendy. Mais prise de remords, la fée clochette but la potion juste avant que lui ne la boive. Mourante, elle fut sauvée par tous les enfants qui croyaient aux fées qui vinrent après qu'il les eut appelés.

Il engagea alors une bataille sur le bateau pirate contre le Capitaine Crochet qu'il vainquit en le jetant dans la gueule du crocodile-horloge qui le dévora. À l'aide du bateau, il ramena Wendy à ses parents ainsi que ses frères et tous les enfants perdus qu'ils adoptèrent. Avant de repartir, il fit la promesse à Wendy de revenir tous les ans pour la ramener au pays imaginaire.

Mais il avait oublié cette promesse, et depuis, il avait erré dans ce monde sans jamais se rappeler ce qu'il avait promis et à qui. Il subissait, depuis, la malédiction de devoir vivre dans le monde réel des grands, lui qui s'était juré de ne jamais grandir et toujours rester au pays imaginaire. Maintenant qu'il se souvenait, il pouvait se défaire de ce sortilège et retourner voir Wendy pour honorer sa promesse et l'emmener à nouveau dans son pays imaginaire.

  • Il faut que je vienne avec vous sous la montagne de fer et comme ça, je pourrai repartir à Neverland ! Conclut-il.

*

*        *

La nuit était tombée depuis longtemps quand nous sortîmes pour nous rendre vers la place du Trocadéro. Line avait laissé sa robe scintillante pour une tenue digne d'une princesse d'Yonsé. Quant à moi, je remis ma tenue du square afin de passer un peu plus inaperçue et m'éviter des situations comme celles de la veille. Une fois dehors, René verrouilla la serrure et glissa la clé sous la porte de service. J'avais eu la présence d'esprit de prendre un peu d'argent dans la caisse afin de ramener quelques souvenirs pour mes amis de la guilde et quelques flacons de cette boisson miracle. Monsieur Jackson avait toujours son livre sous le bras. Line, elle, emporta deux déguisements identiques à la tenue que portait Monsieur Jackson dans le Palais, mais pour des enfants en bas âge.

  • Ça pourra toujours servir si je mets des jumeaux au monde, dit-elle, et puis ça nous rappellera le jour de nos retrouvailles avec René.
Nous voilà ainsi partis tous les quatre, l'ambiance dans la rue était électrique, les avenues brillaient de mille éclats par des guirlandes toutes plus belles les unes que les autres. La température était clémente ce soir-là et beaucoup de monde allait voir le spectacle pour fêter le passage à la nouvelle année.

Je trouvais étrange que l'on puisse fêter le changement d'une unité d'année ; après tout, ce n'est qu'un jour de plus dans un calendrier. Qu'y a-t-il de nouveau d'un jour sur l'autre ? Le square est toujours le même depuis des mois, le trou 15 de Rufus sera toujours identique du premier au dernier jour de l'année... il y aurait tellement d'autres choses à fêter. Ce monde restera longtemps un mystère pour moi.

À l'approche de la grande place, il y avait des marchands qui avaient disposé des étals où l'on pouvait se procurer de la nourriture et des flacons de boisson magique. C'est là aussi où j'ai trouvé ces drôles de boules pleines d'eau dans laquelle était représentée la grande montagne métallique en modèle réduit, évidemment. Lorsqu'on la retourne, on se croirait sur Sosori quand les cerisiers en fleurs perdent leurs pétales dans la brise. J'ai toujours aimé le romantisme de ce parcours où je vais parfois quand mon moral est au fond du bunker.

Ma réserve de boissons faite et mes précieux cadeaux dans un sac, nous repartîmes en suivant la foule.

Les gens étaient pour la plupart déguisés, ils venaient en famille ou entre amis pour s'installer sur les longs fairways en contre bas de la grande montagne de fer. Nous croisâmes quelques jeunes femmes en tenue d'infirmière, ce déguisement avait eu beaucoup de succès.

La foule se faisait plus dense, nous nous glissâmes jusqu'au pied de la grande tour qui scintillait frénétiquement. Nous patientâmes au centre de l'immense voûte que forment les quatre majestueux piliers qui la soutiennent.

Pendant que Line était occupée à écouter Monsieur Jackson qui lui montrait avec exaltation les images de son livre en lui présentant les différents personnages qui y figuraient, j'en profitais pour discuter un peu avec René. Les premières fusées commençaient à illuminer le ciel.

  • Vous devez être impatient maintenant de vous retrouver chez vous après deux ans d’absence, dis-je comme futilité pour lancer la discussion.
  • Oui, et je vous dois beaucoup pour être arrivée à exorciser cette malédiction.
  • Moi ? Mais j'ai rien fait ! C'est vous qui m'avez sorti à chaque fois du pétrin.
  • Il a suffi que vous arriviez pour que tous mes problèmes se résolvent. Depuis que je me suis réveillé dans ce monde je tournais en rond et je m'étais résigné à rester ici pour l'éternité, j'avais perdu l'espoir de retrouver Line. Dès que je vous ai rencontré, vous m'avez ouvert la voie. En deux jours, vous avez plus fait que moi en deux années !
  • Je me demande encore si j'ai bien fait de suivre ma curiosité et de m'être retrouvée ici. C'est vrai que je ne vous aurai jamais rencontré sans ça, mais après avoir partagé toutes ces péripéties je vais trouver mon monde bien vide et ennuyeux sans vous à mes côtés.
  • Le Royaume d'Yonsé aurait beaucoup à gagner s'il vous comptait parmi ses habitants. Vous mériteriez une place d'honneur à la cour du Roi ce qui me permettrait, par la même occasion, de garder un œil sur vous pour vous sortir des situations dans lesquelles vous avez l'habitude de vous retrouver.
Pendant qu'il disait cela, il enleva sa cagoule et détacha le médaillon d'émeraude qui ornait son front.
  • Tenez ! C'est pour vous, dit-il en me le tendant. Mes aïeux se sont transmis ce talisman et l'ont porté depuis des générations, vous en aurez plus besoin que moi maintenant, ça vous protégera des mauvaises âmes.

Émue, je ne pus répondre qu'un balbutiant « merci ». Des bouquets multicolores ornaient le firmament.
  • Mais..., et moi ? Je n'ai rien à vous donner !
  • C'est inutile, vous m'avez donné bien plus que vous ne pouvez l'imaginer.
Il approcha sa main vigoureuse de ma joue, qu'il effleura, pour passer une boucle rebelle derrière mon oreille.

Il glissa lentement ses doigts dans mes cheveux vers le haut de mon crâne d'où il tira sèchement sur une fine mèche pour la détacher. Je ne perçus qu'un léger pincement sur mon cuir chevelu. Il l'enroula délicatement autour de son index, puis il dévissa une sorte de bouchon métallique au bout du manche de son épée et l'y glissa dans la cavité avant de l'y enfermer.
  • Pour que je ne sois pas seul, que tu sois là avec moi.
Il faisait jour en pleine nuit et une nuée de personnages en tout genre gravitaient autour de nous comme s'ils évoluaient au ralenti. C'était la première fois qu'il utilisa le « tu » pour me parler et tout devint irréel. Des super héros côtoyaient des princesses, une petite souris à grandes oreilles était au bras d'un gros Gaulois à moustache, des animaux féroces s'enlaçaient avec des Rocks Stars, des tenues de policiers étaient plus vraies que les originales... en fait, c'était de vrais policiers ! Les mêmes qu'il a deux jours, les mêmes que ceux de la veille. Le cauchemar reprit.

Quand l'un d'eux croisa mon regard, il fit signe à son coéquipier qui sortit une photo de sa veste d'uniforme, ils acquiescèrent. Le plus âgé parla dans une sorte de gros téléphone, visiblement pour appeler des renforts. Ils avancèrent dans notre direction, une main sur leur arme fixée à la ceinture. Une fois de plus, mon cœur sortit de ma poitrine, ma gorge se paralysa, je vacillais sur mes jambes. Je me blottis alors dans les bras de René qui n'avait rien perçu de ce qui allait se passer, il m'enlaça de ses bras où je voulus disparaître. Je craignais qu'il ne veuille à nouveau sortir son épée en voulant me protéger et que cela ne s’achève par un drame. Je serrais son talisman dans ma main aussi fort que la douleur me le permit. Le ciel s’enflamma dans un fracas indicible. À la torture de mes tympans s'ajouta une brûlure dans les yeux : l'air devint d'une blancheur opaque si intense que tout ce qui était autour disparut comme absorbé dans ce voile immaculé. Même les yeux fermés je ne voyais que du blanc.

Le vacarme cessa si subitement que je continuais à percevoir en écho les déflagrations qui persistaient dans ma tête. J'avais le sentiment d'avoir été rouée de coups de la tête aux pieds. L'intensité lumineuse baissa sensiblement, à tel point que je me risquais finalement à rouvrir les yeux.

Il me fallut quelques instants pour réaliser que j'étais allongée sur le fauteuil flottant où tout avait commencé. J'éprouvais un sentiment tellement extra-ordinaire que je ne sus qu'elle était la part de réalité de ce que je venais de vivre. Avais-je rêvé ? Étais-je sous l'emprise de substances en cours d'expérimentation ? Ou alors, aussi improbable que cela puisse être, je venais bel et bien de revenir de l'autre côté du monde avec des souvenirs authentiques. Je ressentis une douleur dans ma main, j'y découvris le talisman que René venait de me confier. L'émotion me submergea d'un immense plaisir de l'aventure que je venais de vivre, mêlée avec la lancinante souffrance d'être séparée d'un exceptionnel ami que je ne n'allais plus revoir.

Je crois me souvenir d'être restée là un long moment, comme pour amasser le plus de souvenirs qu'il me soient possible de ces derniers instants passés avec René, avant qu'ils ne se dissipent et que les sensations s'estompent.

Quand je revins sur le square par la porte de derrière Potter, rien ne semblait avoir changé, je saluais les amis présents et les membres de la guilde tous très occupés comme d'habitude, le temps était au beau fixe comme toujours, et pourtant tout y était différent.

Il me fallut un long moment toute seule dans mon box pour enfin pouvoir tolérer à nouveau le brouhaha des discussions à tous crins des Canassons, mais je restais comme absente, indifférente à ce qui pouvait se dire. À qui aurai-je pu confier le détail de ces aventures sans que je ne sois prise pour une affabulatrice ? Qui aurait bien pu m'apaiser de l'ivresse du vide causé par l'absence de René ? En avais-je seulement l'envie ? Comme si je craignais qu'en partageant ma douleur pour la soulager, je pouvais aussi annihiler la réalité de ce qui nous avait rapprochés avec mon bon chevalier. Non, tout cela devait rester secret.

Deux jours ont suffi pour me changer, beaucoup plus seront nécessaires pour que je l'admette. Alors, si dans les semaines qui viennent, vous me surprenez plutôt distante, silencieuse ou lunatique un médaillon à la main, ne m’en veuillez pas trop, vous n'y êtes pour rien : c'est Monsieur Jackson, Line et surtout René qui sont revenus hanter mon esprit.

Mais ne le répétez à personne, ça reste entre nous !

1 commentaire:

  1. Merci pour nous avoir fait partager les aventures de la petite Balie "Ô" combien Jolie coeur !
    Merci pour ce recit ou c'est meler l'humour, l'amour, l'action, le suspense, l'erotisme, la joie et la peine !
    Merci pour ces bons moments !

    Toujours aussi anonyme !

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