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Mes p'tites souris, mes p’tits lapins,

Je m'appelle Balie. Je suis apparue le 19 aout 2009 dans les entrailles de la Matrice de SHOT ONLINE et de la volonté de mon Ange Gardien, avec pour unique but: prendre du plaisir à jouer au golf avec des partenaires multiples.
Ce joli blog ne se veut qu'un reflet des bons et mauvais moments passés dans le Joli monde de SHOT ONLINE (S.O : SOland), une fenêtre ouverte, aussi, sur les rencontres parfois ennuyeuses, souvent jubilatoires avec les autres jolis êtres issus également du ventre de S.O.
Les premières heures passées avec les Essoliens et Essolliennes (habitants de SOland) ont mis en évidence des similitudes avec votre monde du dehors... Ce joli monde, propre, bien rangé, où tout est beau et harmonieux n'en cache pas moins, derrière ses apparences, des injustices, des inégalités, des travers qui se doivent d'être dénoncés!
Les dénoncer non seulement pour tenter de les combattre de ce coté-ci de l'écran, mais aussi parce qu'obtenir des avancées sur la condition des filles, sur la préservation de l'environnement, le pouvoir d'achat et les conditions de travail à SOland (pour ne citer que ceux-là) aura forcément un impact sur ces mêmes sujets dans votre grand monde du dehors!
Puis, raconter les belles rencontres que je fais chaque jour autour du square, dans le sable ou au bord du green rendra peut être certains d'entre vous finalement un peu plus optimiste sur la nature Essolienne comme sur la nature Humaine. C'est le moins que je puisse souhaiter à mes p'tites souris et mes p'tits lapins...
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lundi 11 juillet 2011

Chroniques du Square 1.12

Si tu arrives ici pour la premiére fois, va plutôt lire d'abord le premier épisode ici:



Quand le silence revint, on entendit du bruit venant de la première salle, qui s'éclaira quelques instants après. Des voix parvenaient jusqu’à nous, elles approchaient.

  • Reprenez vos positions sans bouger, ne nous faisons pas remarquer ! Ordonna René.

Tous les personnages se figèrent instantanément, Line et Monsieur Jackson s’exécutèrent, René ôta rapidement la statue de son double pour la dissimuler derrière un rideau mural et prît sa place sur l'estrade, la main sur le manche de son épée, prêt à dégainer. Quant à moi, je m'installai sur un promontoire inoccupé à côté de l'amnésique et face à mon chevalier enchanteur, mes mains sur la tête comme si je réajustais ma coiffe.

Deux silhouettes en uniforme passèrent le seuil de notre salle qu'ils éclairèrent. Je les reconnus immédiatement. Les deux agents de police étaient ceux qui m'avaient réveillé la veille au pied de l’Obélisque. Je priai pour qu'ils ne me reconnaissent pas.

  • Tout à l'air calme ici aussi, dit l'un.
  • Oui, on aurait du mal à imaginer que tout ce monde se mette à danser dans le noir quand il n'y a plus personne, t'imagines ?
  • T'es déjà venu ici ?
  • Quand j'étais gamin, ouais, avec mes parents. Tiens, y avait déjà Claude François à l'époque. Qu'est-ce qu'il est petit ! Je le voyais vachement plus grand dans mes souvenirs ! Tiens, fais-moi une photo avec lui, je la montrerai à ma femme demain, on rigolera.

Son compagnon lui prit son téléphone, pour le prendre en photo avec, alors qu'il marquait une pause ridicule à côté du détenu : les yeux écarquillés avec un grand sourire béat, il déhanchait son corps, un doigt levé au plafond et l'autre main simulant une tape sur sa fesse.

  • Voilà ! T'es parfait. Lui dit-il en rendant le combiné avec son image figée qu'il apprécia un moment.
  • Regarde, là ! Céline avec son Reeeeenééé... ils l'ont drôlement habillé, déjà qu'en vrai il est vieux et pas beau... commenta le plus gros.

Ils éclatèrent de rire.

  • Oh, ya aussi Mickaël ! La classe ! Quand j'étais au collège j'étais le roi du moonwalk, dis le plus jeune, regarde, j'ai encore des restes.

Il se mit à faire une sorte de pas chassé en reculant sans décoller les semelles de ses chaussures du sol en même temps qu'il ondulait ses bras de part et d'autre, comme pour imiter une vague, mais ses chaussures glissaient mal sur ce revêtement de sol et ça faisait des crissements désagréables pour son collègue qui grimaçait.

  • Aïe, arrête s'il te plaît, c'est insupportable.
  • Bon, là ça marche pas mais sinon j'y arrive bien.

Il se tourna alors vers moi ; mon cœur explosa dans ma poitrine.

  • Et qui c'est celle-là ? Ya rien écrit. Mais..., attends..., tu trouves pas qu'elle ressemble à Clara Morgane ?
  • Qui ça ? Répondit son compagnon en s'approchant lui aussi.
  • Oh, l'autre ! Il fait genre « je sais pas c'est qui Clara Morgane... », je suis sûr que tu as tous ses DVD chez toi.
  • On n'est pas tous accros au porno comme toi.
  • Ah, tu vois ! Tu t'es grillé ! Tu savais que c'est une actrice de X.

Et il monta sur mon estrade pour se glisser derrière moi. J'étais au bord de la panique. Il posa ses mains sur mes hanches et, en les remontant lentement, il dit à son copain :

  • Eh ! T'aimerais pas en avoir une comme ça dans ton lit, hein ?

Je vis René qui eut un geste à peine perceptible pour sortir son épée de son étui. Je le fixai dans les yeux et d'un léger froncement de sourcils, je lui fis comprendre de ne rien tenter.

  • Pfff ! Tu saurais pas quoi en faire d'une bombe pareille ! J'suis sûr qu’Élodie serait d'accord avec moi en plus. Aller, sors de là on va se faire repérer par les caméras de surveillance.
  • Comment çà, « Élodie serait d'accord avec toi ? », qu'est-ce que tu veux dire par là ? Rétorqua contrarié le jeune policier qui, du coup, retira ses mains de ma poitrine pour s'en retourner dans l'allée centrale.
  • Non, c'est rien... on s'en va maintenant, ya rien ici. Contacte la sécurité du musée pour qu'ils envoient du monde pour réparer les digicodes vandalisés. Dit-il en retournant vers l'entrée.
  • Non c'est pas rien ! Elle t'a dit quelque chose ma femme sur moi ? Dis ! Si t'es un pote tu dois me dire !... Qu'est-ce qu’elle t'a dit ?

La lumière s'éteint, et leurs voix devinrent inaudibles quand ils sortirent vers le hall d'entrée. Le silence revint.

  • D'autres gardes vont venir, il faut que nous partions. Dit René.

Nous nous dirigeâmes aussi vers l'entrée, il jeta un regard en entrouvrant la porte qui donnait sur la rue.

  • Ils sont juste là devant, il faut que l'on trouve une autre issue.

Nous repartîmes vers l'intérieur pour trouver une porte de service moins exposée à la vue. Avant de passer sous le second porche, je levai la tête sur la fresque murale. René s’aperçut de mon étonnement et en la découvrant il se dit :

  • Mais..., qu'est-ce que ça signifie ?
  • Je crois que le sort est en train de se défaire, répondis-je.

En effet, de tous les personnages qui étaient représentés quelques minutes plus tôt, il ne restait plus que le Roi d'encore visible, et sa deuxième épouse à peine reconnaissable.

  • Mais c'est papa ! S'écria Line. Que fait-il là avec son ignoble femme ?
  • Allez, partons, on vous expliquera plus tard, lui dis-je.

Monsieur Jackson resta quelques instants à contempler le tableau, je revins en arrière pour le chercher, il fixait le mur comme hypnotisé, il sursauta à mon appel. Il se reprît et refît une de ses pirouettes pour lesquelles il avait un don certain en ondulant tout son corps pour finir sur une pause avec une main cramponnée sur son entrejambe et l'autre dirigée vers le plafond — décidément ! — le tout en lâchant un percutant :

  • Who's bad ?!

Il me passa devant comme si de rien n'était pour rejoindre Line et René, alors que je restai médusée et perplexe quelques instants, sans comprendre le sens de ce qu'il venait de faire.

Le couloir de service donnait sur une rue adjacente bien plus calme que le grand boulevard. Nous dûmes attendre plusieurs minutes avant qu'un taxi de libre ne passe et que René l'intercepte. Pendant l'attente il eut le temps d'expliquer à Line tout ce qu'il avait entrepris pour la retrouver depuis deux ans, jusqu'à la soirée d'hier avec la vieille dame et ses prophéties. Il lui dit que nous devions maintenant trouver la grande montagne de fer et d'y attendre que le ciel s'embrase pour que la malédiction soit définitivement exorcisée.

Elle, de son côté, lui raconta que la pire épreuve dans sa claustration avait été les incessants visiteurs qu'elle pouvait entendre et sentir quelque peu, et qui, à longueur de journée, criaient le prénom de son sosie, se faisait prendre en photo à ses côtés, fredonnaient des cantilènes insanes, ne pensaient qu'à la toucher en s'extasiant qu'elle paraissait être aussi belle et vraie que la vraie.

  • C'était évident puisque je suis vraie ! S'indigna-t-elle.

Pendant ce temps, je restai aux côtés de Monsieur Jackson qui s'agitait de plus en plus. Il ne se souvenait toujours de rien alors que son corps, lui, semblait avoir des choses à raconter. Je patientai assise sur un banc au bord de la chaussée pendant qu'il exécutait l'ébauche d'une chorégraphie apprise par cœur. Il enchaînait des pas chassés, des glissés, des déboulés, passait de demi-plié à des développés le tout dans des positions très athlétiques d'une grande célérité. Je compris aussi ce que voulut faire un peu plus tôt le policier dans le musée : l'illusion de reculer sans faire le moindre pas et sans soulever les semelles était bluffante quand Monsieur Jackson réalisait sa marche lunaire. Il alternait aussi avec des temps plus calmes et lents où il jouait avec son chapeau, claquait des doigts en battant la cadence et en répétant tout le temps la même ritournelle :

  • Oh Billie Jean, it's not my love ; oh Billie Jean, it's not my love ; oh Billie Jean, it's not my love...

Je pensai qu'il avait dû beaucoup souffrir dans sa vie d'avant, sûrement à cause de ce Billie Jean, et que c'est pour cela que son subconscient préférait tout oublier.



Un taxi s’arrêta enfin, nous nous y engouffrâmes et il démarra aussi sec. René lui tendit une carte de visite de la boutique de location de costumes pour qu'il nous y conduise.

  • Très bien, je connais ce quartier, dit-il, c'est là-bas que vous avez loué vos déguisements j'imagine ? Celui de Mickaël Jackson est très ressemblant, bravo ! Très réussit le maquillage.

Puis il poursuivit :

  • Aaah ! Dommage qu'il soit mort, ma fille l'adorait, elle avait même prévu d'aller le voir à Londres.
  • Qu'est-ce qu'il dit ? Je suis mort ? À Londres ? Questionna Monsieur Jackson depuis la banquette arrière où il se trouvait avec René et Line.

Le chauffeur ne put entendre sa réaction, car je venais d'augmenter le son de l'autoradio.

  • Écoutez ça ! Leur dis-je.
  • ... eh oui, c'est pour ça que demain, dimanche, tout le quartier du Trocadéro sera coupé à la circulation. Les préparatifs pour le grand feu d'artifice de la Saint Sylvestre dureront toute la journée. Nous aurons droit à un grand spectacle pyrotechnique qui devrait embraser tout le ciel au dessus de la Tour Eiffel et qui restera certainement dans la mémoire de tous ceux qui y assisteront. Et après les douze coups de minuit, tous les Parisiens pourront venir faire la fête sur le champ de Mars où se déroulera un grand bal costumé...
  • Le feu du ciel ! M'écriais-je. C'est demain !
  • Mais bien sûr ! La montagne de fer, c'est cette tour immense que l'on voit de partout ! Ça ne peut être qu'elle ! Rajouta René excité comme jamais.

Nuls à part nous ne comprenaient ce dont nous parlions exactement. Nous leur précisâmes simplement que le lendemain soir nous allions tous rentrer chez nous !

  • Je rentre à Londres ? Interrogea Monsieur Jackson.

Sa question nous rendit soudainement silencieux et, sans que nous y prêtions vraiment attention, la radio continuait :

  • ... puis nous avons appris que le président de l'UMP s'est fait sauvagement agresser la nuit dernière en sortant du Fouquet's par une bande de jeunes cagoulés. Après l'avoir dépouillé de son argent et cartes de crédit, ils ont lacéré tous ses vêtements au couteau. Il avait été préalablement appâté à l’intérieur du célèbre restaurant par une jeune femme qui lui avait demandé de la ramener chez elle, a-t-il déclaré. Une fois à l'extérieur, elle l'aurait livré à ses complices qui l'attendaient un peu plus loin. La victime a finalement pu leur échapper grâce à beaucoup de sang-froid et de courage en les semant après une longue course poursuite à pied dans les rues de Paris. Grâce aux images des caméras de surveillance, la photo et un signalement précis de la jeune femme ont été diffusés dans tous les commissariats pour tenter de démanteler cette bande de criminels...
  • Nous y sommes ! Déclara le chauffeur du taxi.

Il nous déposa à quelque pas de l'entrée, René lui laissa tout l'argent qui lui restait même si toutes ces pièces semblaient le contrarier quelque peu. Une fois rentrés par la porte de service, nous nous sentîmes un peu plus en sécurité, René nous précisa alors :

  • Demain c'est dimanche et le magasin sera fermé, nous n'aurons pas à rester debout toute la journée dans la vitrine, on pourra se reposer et se préparer à retourner chez nous.



Depuis que j'étais arrivée dans ce drôle de monde — à peine plus qu'une journée — je n'avais cessé de regretter de m’être installée sur ce fauteuil et de m'être retrouvée loin des miens, j'aurai tout donné pour revenir en arrière et que tout cela ne soit jamais arrivé. Mais quand René eut dit ces quelques mots, je ne pus empêcher cette boule de grossir dans ma poitrine, elle me serra la gorge et fit briller mes yeux. Je voulais, je devais rentrer au square et rependre ma paisible vie. Il le fallait, car si je ne rentrais pas avant la nuit sans lune, tous les habitants du square perdraient leur insouciante existence et seraient contraints à travailler le plus clair de leur temps, au risque de voir leur univers devenir aussi misérable que celui-ci. Telle était la prophétie.

Mais l'idée de ne plus jamais revoir mon galant chevalier m'était douloureuse. Il allait poursuivre sa destinée au bras de sa bien-aimée, retrouver son royaume où il serait couvert de gloire par le Roi et tout son peuple qu'il venait de sauver du déshonneur et de la félonie. Une vie ne lui suffirait pas pour raconter tout ce qu'il a traversé dans cet autre monde, et sa légende traverserait ainsi les siècles, rendant fiers tous ses descendants.

Il m'oubliera certainement très vite une fois parmi les siens.

Peut-être se souviendra-t-il vaguement de temps en temps de cette écervelée, lorsque ma joie d'avoir réalisé un trou-en-un traversera le temps et l'espace, pour venir résonner dans un petit coin de son immense cœur.

Mais chut ! Pensons à autre chose... le jour commence à poindre.

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